Le Président du Conseil de Marine à M. le marquis Du Quesne. Principes sur lesquels il doit se guider à l'égard des Sauvages de l'Ohio et des pays d'en haut. Les soins que les Anglais se donnent et les dépenses qu'ils font pour les séduire, ne sont pas sans quelque succès auprès de certaines de ces nations. Le projet de M. de la Jonquière à cet égard a été approuvé, mais il ne paraît pas avoir fait grand' chose pour l'exécuter. Il en rejette la faute sur M. de Céloron, commandant à Détroit. Nous ne nous opposons pas à ce que nos Sauvages aillent traiter avec les Anglais, mais nous nous opposons à ce que les Anglais traitent sur nos terres. La rivière Ohio et les rivières qui y tombent sont incontestablement à nous. Ce n'est que depuis quelques années que les Anglais veulent nous en exclure. Leurs prétentions sont que ces terres appartienent aux Iroquois et qu'étant souverains de ces Sauvages, ils peuvent en exercer les droits. Il est constant que les Iroquois n'ont aucun droit sur ces terres, d'ailleurs, cette souveraineté des Anglais sur les Iroquois n'est qu'une chimère. S'ils réussissaient nous serions coupés de nos communications entre la Louisiane et le Canada. Le roi se propose de faire porter des plaintes à la Cour d'Angleterre. Le succès devant la Commission sera lent, car il est difficile d'avoir des preuves des faits les plus graves et les ordres qu'on donne sur ces sortes de matières peuvent être fort aisément éludés. Sera instruit de tout ce qui a été fait par M. de la Jonquière. Evitera autant que possible une guerre sauvage qui serait excessivement coûteuse et peut-être sans avantages réels. Bornera ses efforts à chasser les Anglais qui vont y faire la traite et à faire entendre aux Sauvages rebelles ou suspects de ces contrées, qu'ils peuvent aller traiter chez les Anglais en toute liberté. Il est certain que si nos postes sont bien pourvus de marchandises les Sauvages n'iront pas faire la traite dans les villes ou les forts anglais., ce qu'ils n'aiment pas.