Livernois, Jules-Ernest, 1851-1933 : Le nom de Livernois a longtemps été associé à la photographie à Québec, à commencer par Jules-Isaïe Benoît dit Livernois (1830-1865) qui s'établit comme libraire, vendeur de machines à coudre et photographe en 1854. Les réclames de la firme en 1857-1858 mentionnent en bonne place Mme Livernois (Élise L'Heureux) et ses installations. Une société sous le nom de Livernois et Castonguay figure brièvement dans l'annuaire de 1860-1861. Dès le début des années 1860, l'entreprise de J.B. Livernois compte trois adresses. Ses photographies seront utilisées dans le premier livre canadien illustré de photographies montées, Maple Leaves: Canadian History and Quebec Scenery, par J.M. Lemoine, troisième série, 1865. Après sa mort prématurée, due aux suites d'une maladie probablement contractée durant un voyage en Californie, sa femme Élise L'Heureux continue l'entreprise en association avec un de ses gendres, Louis Bienvenu. Leur succès est mitigé et la société dissoute en 1873-1874. C'est alors que le fils de Jules-Isaïe, Jules-Ernest Livernois (1851-1933), prend la relève. Sa longue carrière commerciale a abouti à des milliers de vues de Québec et de portraits, ainsi qu'à la création d'un grand studio exploité par la famille jusqu'en 1960. Si on en peut lui attribuer avec certitude les paysages et les vues remarquables du temps où sa mère était associée avec Bienvenu, on peut affirmer que la très grande partie des portraits des célébrités nationales, les clichés de grands reportages et de paysages majestueux produits par les ateliers entre 1874 et 1895 appartiennent à Jules-Ernest Livernois. Parmi les clients, tous les grands du pays: les religieux, les juristes, les politiciens, les gens d'affaires, les scientifiques, les lettrés et les visiteurs de marque. Tout au long de sa carrière, J.E. Livernois produit des vues touristiques de Québec et des environs, des paysages laurentiens, du Saguenay, du Lac Saint-Jean et de la Gaspésie. Dans l'ensemble, l'oeuvre de la famille constitue une chronique visuelle inégalée de la ville et de la province de Québec. Une partie des archives photographiques Livernois sont conservées à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à Bibliothèque et Archives Canada.
L'Heureux, Élise, 1827-1896 : Née le 22 janvier 1827 à Québec, Élise L'Heureux est la fille de Jean-Baptiste L'Hérault dit L'Heureux, maître-cordonnier et de Elizabeth Couture. Elle avait épousé, le 9 mai 1849, Jules-Isaïe Benoît dit Livernois. Elle est la mère de Jules-Ernest Livernois et la grand-mère de Jules et de Paul Livernois.
L'Heureux pratique d'abord le métier de daguerréotypiste et collabore à la gestion des ateliers-studios de photographie de son mari. À la mort de ce dernier en 1865, elle prend la direction de l'entreprise Livernois et Compagnie, qui a pignon sur rue en haute ville et en basse ville de Québec. L'année suivante, elle abandonne la Basse-Ville et s'associe avec Louis Fontaine dit Bienvenu, qui devient son gendre un mois plus tard. Elle conserve la propriété de l'entreprise et s'occupe de la gestion et des finances du commerce d'art, tandis que Bienvenu agit comme photographe.
L'Heureux poursuit le travail de son mari, qui avait établi une production variée, constituée de portraits, de vues historiques, de photoreportages et de vues touristiques. Avec Bienvenu, elle offre des portraits réalisés en studio, d'abord de petites dimensions pour les cartes de visite, puis en format plus grand pour les cartes d'album (ou cartes artistiques). Elle propose également plusieurs recueils et mosaïques de portraits de personnages contemporains ou historiques, et des clichés d'oeuvres d'art canadiennes, européennes et américaines. Elle sollicite avec son associé les établissements d'enseignement et les communautés religieuses afin de réaliser leurs portraits de groupe et leurs photographies officielles. En 1866, elle termine avec son gendre les illustrations, d'abord entreprises par son mari, de l'ouvrage Sites et végétaux du Canada (1866) de Louis-Ovide Brunet. Toujours avec son associé, elle offre des vues de Québec et de Charlevoix, dont certaines sont reproduites en gravures et imprimées dans les périodiques illustrés L'Opinion publique et Canadian Illustrated News entre 1869 et 1875.
En 1873, son fils Jules-Ernest Livernois se joint à l'entreprise, qui prend alors le nom de Livernois, Bienvenu et Cie. Cette association, qui connaît des difficultés financières, est dissoute au cours de la même année et L'Heureux laisse l'entière propriété du commerce d'art à son fils.
Elle est décédée à Québec en janvier 1896.