Canada. Commission royale sur l'immigration italienne : La Commission royale d'enquêter sur l'immigration de journaliers italiens à Montréal et sur les procédés frauduleux des bureaux de placement a été créé en vertu du décret du conseil C.P. 1230, 20 juin 1904, en vertu de l'Acte concernant les enquêtes dans les affaires publiques (S.R.C., 1886, ch. 114) et sur la recommandation du ministre du Travail. Ce décret étendait le mandat octroyé au juge Winchester par le décret en conseil C.P. 997, 23 mai 1904. La Commission était mandatée pour enquêter et de faire rapport sur les circonstances qui ont incité des travailleurs italiens venant d'autres pays à immigrer à Montréal durant l'année en cours, sur les personnes engagées directement ou indirectement dans cette incitation à l'immigration, ainsi que sur les moyens et les méthodes adoptés pour provoquer cette immigration. Le commissaire était John Winchester.
Au début de 1904, le gouvernement reçut des plaintes relatives à l'afflux considérable de travailleurs italiens à Montréal. Ils venaient attirés par la perspective qu'on leur faisait miroiter d'être immédiatement employés à la construction du Grand Trunk Pacific Railway, mais beaucoup d'entre eux ne trouvaient pas de travail. En avril 1904, le ministre adjoint du Travail institua une enquête sur cette question en vertu de l'Acte concernant les conflits de travail dans les chemins de fer (2 Edw. VII, ch. 55).
Le 23 mai 1904, à la suite de cette première investigation, le gouvernement du Canada établit une commission royale chargée de faire enquête sur les allégations d'emploi d'étrangers pour les levés de terrain réalisés pour le Grand Trunk Pacific Railway (ces levés devaient servir au futur chemin de fer national transcontinental).
Depuis un certain nombre d'années, on recrutait des journaliers italiens pour travailler à la construction de voies ferrées et à d'autres travaux publics au Canada. Depuis 1901, par exemple, George E. Burns, responsable du Département des services spéciaux à la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique, recrutait des immigrants italiens pour travailler pour cette société. Ils étaient embauchés par l'entremise d'ententes conclues avec Antonio Cordasco de Montréal, qui se disait agent du Canadien Pacifique au Canada. En 1904, Cordasco annonça dans deux journaux italiens de Montréal, "La Patria Italiana" et "Corriere del Canada", qu'on avait besoin de 10 000 travailleurs italiens au Canada. Cordasco envoyait des copies de ces journaux en Italie et il avait pris des arrangements avec des agents en Italie et aux États-Unis pour recruter le nombre d'ouvriers requis.
On alléguait qu'à leur arrivée au Canada, les immigrants ne pouvaient obtenir un emploi au Canadien Pacifique sans avoir d'abord payé une redevance à Cordasco pour l'emplois promis. De plus, on disait que M. Burns refusait d'employer dans sa société des Italiens qui n'avaient pas fait d'arrangements avec Cordasco. Une des preuves présentées à la commission montrait qu'en mai 1904, il y eut au moins 6 000 immigrants italiens à Montréal et que beaucoup d'entre eux n'avaient aucune possibilité de trouver du travail auprès de cette compagnie de chemins de fer. Cette situation jetait les nouveaux atrrivants dans une misère sans précédent. Elle causait également beaucoup de mécontentement parmi la classe ouvière de Montréal, où le marché du travail était sursaturé.
Le 20 juin 1904, devant l'intensification du mécontentement, le gouvernement du Canada décida d'étendre le mandat du juge Winchester, commissaire chargé d'enquêter sur les pratiques d'embauche de la compagnie Grand Trunk Pacific Railway. Il se trouva donc investi d'un mandat plus vaste pour enquêter sur les circonstances entourant la venue de travailleurs italiens à Montréal. (Voir Commission royale d'enquête sur l'immigration de journaliers italiens à Montréal et sur les procédés frauduleux des bureaux de placement, Rapport du commissaire et preuve, Ottawa, 1905; et Division des archives gouvernementales, Collection de l'inventaire général, Archives du ministère du Travail (RG 27), John Smart, Archives nationales du Canada, ministre des Approvisionnements et Services, 1988, p. 5 et 6).
La commission tint ses audiences à Montréal du 30 juin au 26 juillet 1904. Elle reçut plus de soixante pièces à conviction. Collection de l'inventaire général de RG33-99.