Grant, George (George Parkin), 1918-1988 : George Grant est un philosophe et un intellectuel éminent, ainsi que l'auteur de plusieurs ouvrages sur la philosophie et les affaires publiques, notamment Lament of a Nation. Il est né en 1918 dans une famille canadienne très connue. William L. Grant, son père, est un historien et le directeur de l'Upper Canada College, et Maude Parkin, sa mère, est la fille de sir George Parkin, auteur et éducateur. Grant, un boursier de la fondation Cecil Rhodes, poursuit ses études à l'Université Queen's et à Oxford. De 1947 à 1984, il enseigne la philosophie, les sciences religieuses et les sciences politiques aux universités Dalhousie et McMaster. Il s'éteint le 27 septembre 1988.
À Oxford, en 1940, Grant fréquente un groupe de pacifistes britanniques avec qui il joint le corps d'ambulance. Il est coordonnateur d'urgence en cas de raid aérien lorsque le bombardement de Londres survient, et le nombre considérable de pertes civiles le plonge dans une dépression nerveuse. Il vit par la suite un éveil spirituel. Il retourne au Canada en 1943 et devient secrétaire de l'Association canadienne d'éducation des adultes après avoir retrouvé la santé. De 1943 à 1945, dans le cadre de ses fonctions, il rédige une rubrique régulière dans le journal de l'Association et diffuse la série « Citizens' Forum: Of Things to Come » à la radio de la CBC. En 1945, il retourne à Oxford et obtient un doctorat en théologie et en philosophie, produisant une thèse sur le théologien écossais John Oman. Pendant son passage à Oxford, Grant rencontre et marie Sheila Veronica Allen, une étudiante en littérature qui partage ses convictions pacifistes. Ils déménagent à Halifax en 1947 après que Grant ait obtenu un poste de professeur en philosophie à l'Université Dalhousie. Il accepte en 1960 un poste au sein du département des études religieuses de l'Université McMaster. Il y enseigne pendant 20 ans avant de retourner à Dalhousie en 1980.
Le premier livre de Grant, Philosophy in The Mass Age (1959), s'inspire d'une série de conférences qu'il donne à la radio de la CBC afin de populariser la philosophie auprès du grand public. Son ouvrage de 1965, Lament for a Nation: The Defeat of Canadian Nationalism, soulève la controverse en raison de sa critique du gouvernement libéral. Grant y affirme que ses politiques mèneront à l'intégration du Canada dans l'empire militaire et économique américain. Outre son opposition aux armes nucléaires et à la guerre du Vietnam, Lament renforce ses liens avec la gauche canadienne. Le politologue Gad Horowitz utilise le terme « conservateur rouge » pour le décrire. Dans l'ouvrage Technology and Empire: Perspectives on North America (1969), il analyse et critique la vie moderne, la technologie ainsi que les structures religieuses, universitaires et politiques. Il entame alors une longue collaboration avec Dennis Lee et Anansi Press. Après 1970, ses principaux ouvrages sont moins ouvertement politiques et davantage philosophiques et théologiques. Grant y propose des réflexions sur l'oeuvre de Nietzsche, de Heidegger et de Simone Weil. Son livre suivant, Time as History (1971), une série de conférences prononcées dans le cadre des Massey Lectures de 1969 à la CBC, analyse la pensée de Nietzsche ainsi que la conception moderne du temps personnifiant l'histoire. Son ouvrage English-Speaking Justice (1978) est tiré des conférences Josiah Wood qu'il a données en 1974 à l'Université Mount Allison. Le dernier livre publié de son vivant, Technology and Justice (1986), est un recueil d'essais explorant des questions sur la foi, la justice et la technologie à l'ère moderne.
Grant est élu membre de la Société royale du Canada en 1964, remporte la médaille Chauveau en 1981 et devient officier de l'Ordre du Canada en 1981. Il reçoit des doctorats honorifiques de dix universités canadiennes. Les mélanges Modernity and Responsibility: Essays de George Grant, édités par Eugene Combs, paraissent en 1983. Après son décès en 1988, sa veuve Sheila Grant collabore de près avec des chercheurs afin d'obtenir des réimpressions des ouvrages de George Grant et de travailler sur de nouvelles publications. William Christian rédige George Grant: A Biography (1993) et s'occupe de l'édition de George Grant : selected letters (1996). Sheila Grant et lui éditent The George Grant Reader (1998) et Arthur Davis édite George Grant and the Subversion of Modernity (1996). Les Presses de l'Université de Toronto publient une série de quatre volumes intitulée Collected Works of George Grant (2000-2009), dont l'édition est assurée par Arthur Davis, Henry Roper et Peter Emberley.