Le ministre à M. Desmaretz. S'attend qu'il pourvoira sans retards aux fonds nécessaires pour aider les Acadiens à sortir de la domination anglaise. Le port de Louisbourg est si bon et dans une situation si avantageuse, que le roi avait d'abord résolu d'y faire le principal établissement, mais, comme le sol est pierreux et qu'il ne s'y trouve ni pierre à chaux ni autres matériaux nécessaires pour des fortifications solides, la dépense serait trop grande. Il a été décidé, pour le présent, de n'y faire que des travaux peu importants en attendant qu'on puisse le fortifier peu à peu solidement. A décidé de faire le principal établissement au Port-Dauphin, qui est un très beau port, très aisé à fortifier. Les matériaux sont sur les lieux, les grèves sont belles et abondantes, les terres et les bois excellents. Il y a encore le Port-Toulouse, où la pêche est aisée et abondante, les bois et les terres de bonne qualité, mais il y a une barre à l'entrée où il n'y a que 2 ½ brasses d'eau. Les Acadiens ont fait choix de cet endroit; on y construira un petit fort. Le roi a approuvé le fonds fait pour l'île Royale. Le prie de donner des ordres immédiats pour que cet argent soit remis au trésorier de la marine, afin de hâter les achats nécessaires, l'armement des vaisseaux, et effectuer le départ en avril. Les Anglais, comprenant les avantages de cet établissement, en prennent déjà ombrage. Ils s'aperçoivent qu'il sera préjudiciable à leur commerce et qu'en temps de guerre il sera à portée d'insulter leurs navires de long cours, aussi, à la première rupture, ils ne manqueront pas de mettre tout en usage pour s'en rendre maîtres. Il convient donc de le bien fortifier. Si la France perdait cette île la perte serait irréparable; il faudrait, par une suite nécessaire, abandonner le reste de l'Amérique Septentrionale.
![[Le ministre à M. Desmaretz. S'attend qu'il pourvoira sans retards ...]](/images/folder-80.png){kind=small}