Instructions pour servir au Sieur d'Aigremont, subdélégué de M. Raudot, intendant de la Nouvelle-France, que le roi a choisi pour aller aux forts de Cataracoüy, Niagara, Pontchartrain de Détroit et Michilimakinak. La raison principale qui détermine ce voyage s'appuie sur les plaintes du Sieur de Cadillac. Il prétend que MM. de Vaudreuil et Raudot ne lui donnent pas les secours qu'ils ont eu ordre de lui donner; que ce poste était dans un triste état, que de Tonty s'était défait de toute la poudre; que les terres de la compagnie étaient ou en friche ou occupées par des sauvages; que les maisons étaient découvertes; qu'il n'y avait pas de grains; que les pelleteries étaient gâtées, le magasin pillé, etc., etc. Il s'informera des motifs qui ont poussé les Outaouais à attaquer le fort, de la conduite de M. de Bourgmont. A en juger par les lettres des officiers, il n'y a pas de plus beau et de meilleur pays; s'en assurera par lui-même. S'assurera également si les grains semés ont réussi et si le moulin que devait bâtir de Cadillac est sur pied. Verra, en passant à Montréal, si les Hospitaliers consentiraient à se charger des malades du Détroit. De Cadillac prétend que jusqu'à présent sa femme et sa fille s'en sont chargés et que les Hospitaliers sont plus propres que d'autres à ces soins dans une nouvelle colonie. Fera revenir de Michilimakinak le Sieur Arnaud qui y fait la traite avec le Sieur Boudor, marchand de Montréal. Le Sieur de Cadillac se plaint que M. de Vaudreuil a fait renvoyer l'interprète et lui a substitué le frère de son secrétaire dans le but de le surveiller. De son côté, M. de Vaudreuil affirme que son unique but est d'empêcher de Cadillac de commercer avec les Anglais et de commettre des abus dans le commerce de l'eau-de-vie; qu'il en a emporté avec lui 15 barriques et que tous ses conducteurs de canots ont ordre d'en apporter 300 livres pesant. Vérifiera tous ces faits. Est informé que les Anglais travaillent à s'emparer du poste de Niagara. S'abouchera avec Joncaire pour l'établissement de ce poste et étudiera les moyens de le faire avec l'agrément des Iroquois. De Cadillac prétend que M. de Vaudreuil tient Joncaire chez les Iroquois dans le but de nuire à son poste de Détroit. Ne le croit pas. MM. de Vaudreuil et Raudot ont été d'avis que le poste de Frontenac ne devait pas être affermé mais gardé pour le compte du roi. Trouve étrange qu'il l'ait confié à Tonty qui a fait un commerce considérable à Détroit. Craint qu'il fasse de même à Frontenac. Rendra un compte exact de tout ce qu'il apprendra et de ses observations.