Nicolas Denys à C. Fouquet. Il a reçu son envoyé et rend compte de la situation. Parmi ses concurrents, M. de Canger est prêt d'abandonner, dégoûté du Canada, avec une perte de 30,000 livres. La compagnie de Rivedon & al., qui a essayé durant trois ans la pêche sédentaire au Cap Sable, abandonne avec 80,000 livres de perte. Il reste encore le sieur Doublet, venu cette année aux îles Saint-Jean et de la Madeleine pour les huiles de loups-marins. Pas besoin de lui faire la guerre; dans trois ans il aura quitté. Lui-même ne croit plus aux possibilités de la pêche sédentaire, à cause des six mois d'hivernement inutile, et le pays est trop peu fertile pour nourrir son monde. La traite a diminué et il y a concurrence. M. de Canger lui a causé un tort considérable en lui enlevant la moitié de sa traite et six de ses sept habitants. Il vendrait volontiers sa concession, pourvu qu'il obtînt de quoi payer ses dettes et assez pour vivre. Fouquet offre d'acheter ses droits pour 5000 livres, mais Denys y a dépensé 200,000 livres. Quant aux actionnaires de la compagnie de la Nouvelle-France, qui se plaignent de lui, c'est de leur faute s'il ne les a point payés. Ils ont concédé une partie de son domaine à d'autres et sont cause de sa ruine. Récit détaillé de son départ de Concarneau avec sa famille et de ses difficultés avec M. de Canger. Vues pessimistes sur le Canada. Quant à la possibilité de voir Fouquet devenir son voisin au Canada, il la regarde comme un bonheur, car cela lui fournirait l'occasion de quelques bons repas, tandis qu'il doit faire pauvre chère. Sur l'état de sa dette, compte n'est pas tenu de 10,000 livres, pour le navire qu'il a rendu, et de 8,000 livres pour les poissons qu'il portait. Il ne veut accepter aucune nouvelle offre d'embarquement, car son crédit est ruiné et il croit le pays incapable de satisfaire aux frais. Il tire sa subsistance, en vivres et marchandises, des navires qui vont à Québec. Cela lui permet de n'entreteneir que peu de monde et ainsi d'épargner, de sorte qu'il espère rembourser peu à peu.