Lettre de François-Étienne Cugnet au ministre au sujet des forges du Saint-Maurice - Olivier de Vézin "est la seule cause des dépenses immenses qui ont été faites dans cette entreprise et du peu de succès qu'elle a jusqu'à présent": bien dirigée, l'entreprise "aurait coûté les deux tiers moins et aurait pu donner, depuis trois ans, un produit suffisant pour supporter les dépenses annuelles et rembourser les avances faites pour l'établissement"; détail des erreurs techniques commises par Vézin: insuffisance du ruisseau, mauvaises constructions et installations ("réparations et rétablissements continuels"), mauvaise surveillance des ouvriers peu accoutumés à ce genre de travaux; tentative de Vézin pour masquer à Hocquart son erreur à propos du ruisseau de Saint-Maurice (l'erreur a été découverte par Des Méloizes); détail des erreurs et des fautes commises par Vézin dans la régie de l'entreprise: ses dépenses excessives, désordre de ses registres, ses relations d'affaires avec Mme Duplessis, son imprévoyance par rapport aux provisions et aux "apprêts de mine", dette de Portugais, etc; pour décharger Vézin de l'administration, il fut décidé "que la personne établie à Saint-Maurice tiendrait le magasin, serait chargée de la coupe des bois, voiture des mines, paiement des gages et salaires des ouvriers et provision des vivres et denrées nécessaires" (motifs): dès qu'il a vu qu'il cesserait de disposer des marchandises, Vézin a cherché à persuader tout le monde au Canada et en France que le magasin servirait pour l'intérêt particulier de certains associés; c'est à tort que Vézin lui a reproché "d'avoir voulu contre son avis bâtir la maison de Saint-Maurice" et qu'il a prétendu que cette maison avait coûté 80 000 l. et même 90 000 l. (explications): cette maison ne coûte pas 20 000 l. (détails); pendant le voyage de Vézin en France (1739-1740), on a rétabli des bâtiments, achevé la seconde forge, fait fabriquer 375 milliers de fer, produit près de 900 milliers de fonte, etc (détails); le succès de la régie en l'absence de Vézin l'a convaincu qu'il valait mieux se passer de ses services (explications): a donc, dans son mémoire du 25 septembre 1740, demandé "que la direction des forges fût ôtée au sieur Olivier" (motifs); a quand même souscrit au règlement fait par Hocquart le 14 octobre 1740 espérant qu'on veillerait à ce que Vézin conduisît mieux la régie que par le passé; conformément à l'article 13 de ce règlement, il s'est rendu à Saint-Maurice pour examiner avec Gamelin et Vézin leurs comptes respectifs (détails): Gamelin et lui ont dressé le compte général de recette et dépense de Vézin qui a refusé de le signer; Simonet n'a signé aucun de ces comptes et on ne l'a vu que rarement; le peu de réussite des forges depuis un an peut être imputé à Vézin "autant et peut-être plus qu'aux inondations de l'automne 1740 et à la rigueur de l'hiver suivant" (explications): il promettait de faire au moins 600 milliers de fer en barres et 100 milliers en ouvrages de fonte mais le produit n'a été que de 400 milliers dont 261 milliers ont été mis dans les magasins du roi à Québec; "le fourneau n'a presque point travaillé l'été dernier et produit jusqu'au 16 septembre 145 milliers de fonte, il en avait donné neuf cents en 1740" (les provisions de castine et de pierre n'ont pas été faites); personne ne voulait prêter à la compagnie des forges: on exigeait ses "billets personnels" et on s'en sert aujourd'hui pour le poursuivre; est dans l'incapacité de satisfaire ses créanciers; dans cette situation, Hocquart lui ayant demandé sa "démission du privilège des forges", il n'a pas hésité à la lui remettre; détails sur sa situation financière: ses dettes, ses créances sur la compagnie des forges (détail de ce que lui doivent Vézin, Gamelin, Simonet et Taschereau), diminution des revenus de la traite de Tadoussac (raisons), sommes prises sur ces revenus pour acquitter partie des dettes des forges, refus de Hocquart de lui accorder une surséance, billets tirés sur lui par Vézin, Simonet fils et Perrault, reproches que lui a adressés Hocquart au sujet de ce qu'il doit à la caisse de la Marine (justification), créances de Desauniers et Liquart, etc; n'a "rien appliqué de la caisse du Domaine au profit" des forges (détails); "il reste chaque année des sommes à recouvrer sur les droits qu'il serait difficile de faire payer comptant sans user de voies rigoureuses de saisie", ce qui dérangerait beaucoup le commerce; l'entreprise des forges "ne peut qu'être avantageuse quand elle sera bien régie".