Lettre de Louis Ango Des Maizerets et Charles Glandelet pour répondre à un mémoire présenté au Conseil de Marine qui blâme les autorités du Séminaire de Québec pour la résistance que des prêtres opposent à l'évêque quand celui-ci veut les envoyer dans des cures ou missions - depuis son retour au Canada, Mgr de Saint-Vallier "a ordonné prêtres dix-huit ecclésiastiques tous Canadiens, qui tous, à l'exception d'un seul, ont été nourris et entretenus de la meilleure partie aux frais du Séminaire...sans que ce prélat ait voulu contribuer d'aucune chose à la subsistance de ces jeunes clercs"; il est vrai que le chapitre a alloué au Séminaire 300 l. pour chacun des quatre chantres et 150 l. pour chacun des six enfants de choeur mais, comme on prétend obliger le Séminaire à restituer ces sommes au chapitre, "cela met tout à fait le Séminaire en arrière"; "on ne sait pas quelles sont les deux fortes missions qu'on dit avoir été abandonnées puisqu'il n'y en a pas une qui n'ait eu son missionnaire" et qu'il n'y a aucun ecclésiastique qui ne soit attaché à quelque mission (détails); dans le Séminaire même, il n'y a que deux prêtres canadiens, dont l'un travaille à la procure et l'autre à l'éducation des jeunes enfants: les prêtres venus de France n'y sont qu'au nombre de cinq (le supérieur, le curé de Québec et son vicaire, etc); c'est apparemment à cause de la réticence d'un jeune prêtre à se rendre dans une mission éloignée qu'on parle de résistance aux ordres de l'évêque (détails): ce jeune homme s'est finalement soumis à la volonté de son évêque; quelques autres ne voulaient pas se laisser ordonner avant d'avoir achevé leurs études ayant vu "qu'on envoyait en mission tous ceux qui étaient ordonnés sans leur donner le temps de se former"; on ne peut obliger le Séminaire de fournir à l'évêque des sujets pour ses cures et missions s'il ne reçoit pour cela aucune gratification et s'il n'y a point de fondation établie; le projet d'envoyer au Canada des récollets pour desservir les cures et missions depuis le gouvernement de Montréal jusqu'au bas de la colonie paraît avoir été inspiré "pour éluder l'exécution de l'ordonnance du roi touchant la fixation des cures": n'ayant pu, à son retour, se dispenser d'en fixer plusieurs (Vaudreuil et Bégon avaient l'ordre d'y veiller), l'évêque "a refusé depuis des lettres de provision à plusieurs autres ecclésiastiques...placés dans ses cures"; des 35 cures établies depuis le gouvernement de Montréal jusqu'au bas de la colonie, il en reste encore 14 ou 15 à fixer; plusieurs ecclésiastiques n'osent entreprendre rien de solide "pour le bien d'une paroisse où ils ne se regardent que comme passagers".