Copie d'une lettre de Montcalm à Sébastien-François-Ange Le Normant de Mézy - Lignery a dû faire sauter le fort Duquesne et se replier sur le fort Machault; les dépenses pour les forts sont très fortes à cause des fraudes commises par ceux qui y sont employés et à cause de la cherté de la main-d'oeuvre: il en sera ainsi tant qu'on y emploiera des ingénieurs du pays (commentaires peu favorables à Michel Chartier de Lotbinière et Chaussegros de Léry père); Pontleroy est honnête et compétent, "aussi est-il contrarié et détesté par ceux dont il cherche à rogner les profits" (insuffisance de ses émoluments); Le Mercier, venu au pays comme simple soldat, "doit avoir cent mille écus actuellement" (raisons); quand on a besoin de marchandises pour le service, "au lieu de les acheter de la première main, ce sont des protégés qui achètent des restes de magasins et tout de suite on le leur reprend à cent cinquante pour cent de bénéfice"; les postes des pays d'en haut "sont regardés aujourd'hui par les officiers, les gardes-magasins, les commis comme des occasions à gagner des sommes immenses...par toutes sortes de faux certificats..."; Joseph-Michel Cadet "n'est que le prête-nom d'une compagnie trop protégée" (secret entourant le marché conclu avec lui); "on a tiré l'année dernière pour vingt-quatre millions de lettres de change et cette année on en tirera pour trente-six"; les denrées de première nécessité coûtent huit fois plus cher qu'en 1755; la cherté vient principalement "de ce qu'à l'arrivée des bâtiments une vingtaine de particuliers...achètent tout et rendent par là quasi le commerce exclusif": elle vient aussi de ce que l'habitant, effrayé de voir "trente millions d'espèces circulantes sur la place" et craignant "que le gouvernement ne fasse une espèce de banqueroute ou réduction", est porté "à vendre et à faire les entreprises sur un pied et un prix exhorbitant et ce sera bien pis si cet automne on donne les lettres de change en cinq termes"; "peu de gens veulent se défaire de leurs espèces par les craintes sur le papier" (exemples); le commissaire des guerres Bernier envoie un "tableau du prix actuel des denrées, de leur prix en 1758, 1755 et 1751"; les dépenses pour les troupes de terre peuvent paraître considérables (explications) mais il y a moins de gaspillage chez elles: s'il s'y commet des abus, ils sont minimes "comparés à ceux qui accompagnent les dépenses pour les fortifications, les Sauvages, les vivres et les transports"; les officiers de ces troupes "n'ont aucune part aux profits illicites" même si leurs appointements sont nettement insuffisants: ils s'endettent auprès des particuliers; propose trois moyens pour améliorer leur sort (détails); "le soldat qui a sa subsistance assurée, qui est vêtu, qui gagne de l'argent par les travaux...est bien et ne s'aperçoit pas comme son officier de l'augmentation" des prix; est "attaché à M. Bigot grand travailleur, homme d'esprit"; il y a eu quelques petits partis du côté de Carillon, où commande M. d'Hébécourt, pour faire des prisonniers qui apportent des nouvelles de l'ennemi: les assemblées provinciales des colonies anglaises "ont accordé tous les contingents qu'on leur a demandés", l'ennemi aura 22 bataillons de troupes de l'Angleterre, des troupes légères et 25 à 30 000 hommes de milice; a communiqué ses réflexions à Vaudreuil de Cavagnial et celui-ci lui "a fait part superficiellement de ses vues": même s'il n'est pas d'accord sur tous les points, il "n'exécutera pas moins"; "la constitution de la guerre dans cette colonie a changé totalement...il faut donc d'autres vues, d'autres maximes...mais les anciens préjugés subsistent" (explications).