Copie d'une lettre de Bigot au ministre Nicolas-René Berryer - l'a prévenu, dans sa lettre du 23 novembre dernier, qu'il était rentré plus de certificats de dépenses des postes et forts que l'année précédente: croit que "le tirage des lettres de change sera cette année de 31 à 33 millions" (explications: travaux et dépenses extraordinaires, remboursement à Cadet des vivres pris au fort Frontenac, construction de bâtiments, etc); n'a connaissance que des dépenses qui se font "dans l'intérieur (de la colonie) qui est depuis Kamouraska jusqu'à Montréal" (détails); n'a point de "justes connaissances des dépenses qui se font dans les armées, ni dans les postes et forts": ces dépenses sont très élevées, les Français qui y sont "rachètent deux fois et peut-être même plus les marchandises que le commandant a données aux Sauvages pour de l'eau-de-vie et autres bagatelles et ils les revendent ensuite au roi, ces mêmes Français inspirent aux Sauvages de demander continuellement"; "l'objet des vivres dans les forts et...dans les armées est aussi très considérable...surtout par rapport aux Sauvages qui trouvent toujours le secret de se faire donner double et triple ration"; "les magasins du roi sont dénués de toutes sortes de marchandises tant à Québec qu'à Montréal, les derniers détachements pour La Présentation les ont vidés"; Vaudreuil de Cavagnial lui ayant demandé "un certain nombre d'équipements et d'étoffes pour les Sauvages qui descendraient et les mouvements" projetés, il a fait acheter des marchandises à Lachine et à Québec (prix excessifs); enverra par les derniers navires un bordereau détaillé des dépenses de 1758; la guerre se fait à présent comme en Europe: "les troupes ont leurs commodités et quantité d'officiers font aussi bonne chère à l'armée qu'en France"; Montcalm se plaint "du mauvais traitement accordé aux officiers de terre, il dit qu'ils n'ont pas de quoi vivre, (et) il a raison" (explications); ses revenus ne lui suffisent pas "pour tenir une table aussi considérable" que la sienne: il "y rassemble journellement les officiers de terre et les colons...(pour) leur faire supporter avec plus de patience la dureté du pays et y entretenir l'union" ("il faudrait peu de chose pour la rompre entièrement, ces Messieurs étant persuadés que leurs chefs ne sont pas d'accord"); a "aussi procuré pendant l'hiver des amusements au peuple" pour lui faire oublier sa misère.