Mémoire de Louis-Antoine de Bougainville - la colonie compte 10 000 combattants soit 1 500 hommes des troupes de terre, 1 200 ou 1 500 hommes des troupes de la Marine et environ 5 ou 6 000 Canadiens; ne tient pas compte ici des Indiens "calculateurs, politiques et avides ": peut-on se flatter qu'ils restent toujours attachés au parti le plus faible?; "les troupes de terre et de la Marine sont parfaitement bien disposées...les Canadiens et les Sauvages admirables dans les bois, de la plus grande expédition contre une troupe qui s'ébranle et cède...sont incapables de toute autre espèce de guerre, peu propres à la défensive, s'abattent aisément et profondément dans l'infortune"; on n'a que deux ingénieurs, 70 canonniers ou bombardiers, aucun mineur, ni ouvrier de l'artillerie et du génie; on n'a des vivres que pour l'hiver et peut-être pour le premier mois de la campagne en économisant; on manque de poudre, de canons de campagne, de mortiers, d'obusiers, de bombes et d'obus; on manque également de marchandises et d'équipement pour les Indiens; Québec est sans fortifications, le fort Carillon "ne peut faire une défense honorable" et le fort Saint-Frédéric "n'est qu'une mauvaise enceinte de pierre" (explications); les forts Saint-Jean et Chambly "ne peuvent arrêter un ennemi avec seulement quatre pièces de canon"; les ennemis, qui comptent au moins 60 000 hommes, peuvent attaquer à la fois trois frontières: "établis à Louisbourg et à Halifax, ils sont à portée d'entrer de bonne heure...dans le fleuve", installés au fort Edward, ils peuvent facilement se rendre à Carillon, "établis aux sources de la rivière Chouaguen, c'est presque comme s'ils étaient sur le lac Ontario, maîtres de la Belle Rivière, ils sont à portée de débaucher tous les Sauvages des pays d'en haut et d'assiéger Niagara"; cette dernière place, sans contredit la meilleure de tout le Canada, peut avec 500 hommes de garnison faire une bonne défense: si elle est prise, il ne faudra plus compter sur les Indiens et la colonie sera alors en grand péril.