Lettre de Vaudreuil de Cavagnial au ministre - s'est entretenu avec Montcalm de la défense de la colonie: chacun d'eux a préparé des mémoires à ce sujet qu'il envoie ci-joints (détails); n'est pas d'accord avec Montcalm qui s'oppose à tout projet d'offensive au lac Ontario à moins que les Anglais ne soient en petit nombre à Chouaguen et qui juge plus nécessaire d'établir un poste au-dessus des rapides; n'abandonnera les lacs qu'à la dernière extrémité; veut rétablir la marine française sur le lac Ontario car de la conservation de ce lac dépend celle de Niagara et de tous les postes avancés; a expédié des forces sur ce lac, a fait passer des provisions à Niagara, a ordonné le rétablissement de la marine française à La Présentation et fera rétablir le fort Frontenac; Montcalm paraît disposé à faire sauter les forts Carillon et Saint-Frédéric et à se replier sur Saint-Jean dans le cas où l'ennemi forcerait son armée à abandonner la position qu'elle occupe sous Carillon; d'ailleurs, sans les vives représentations d'officiers de la colonie, c'est probablement ce qu'il aurait fait avant l'action du 8 juillet: les Anglais auraient alors pu pénétrer à l'intérieur de la colonie, les Indiens se seraient déclarés en leur faveur, etc; ayant expédié 2 000 Canadiens et des Indiens du côté de Carillon, il a recommandé d'envoyer un gros détachement, sous les ordres de Lévis ou de Rigaud, entre Lydius et le camp du lac George (explications): Montcalm ne l'a pas fait craignant sans doute "que la colonie ne se distinguât ne voulant attribuer qu'aux troupes de terre l'événement du 8 juillet"; en suivant les vues de Montcalm, on abandonnerait le lac Ontario et conséquemment tous les postes des pays d'en haut pour se borner à disputer le passage des rapides et les Anglais, maîtres des forts Carillon et Saint-Frédéric, "pénétreraient aussi avant qu'ils le voudraient dans le lac Champlain" (Montréal serait menacé, l'ennemi pourrait ravager les campagnes, etc); il est très important de "disputer pied à pied le terrain" des frontières à l'ennemi; Montcalm et les troupes de terre "veulent seulement conserver leur réputation et désireraient de retourner en France sans avoir essuyé un seul échec"; compte, pour maintenir les positions françaises, "sur la valeur des troupes tant de la colonie que de celles de France" et sur "l'amour de la patrie de la part des Canadiens".