Lettre de Vaudreuil de Cavagnial au ministre - Langy de Montegron a fait cinq prisonniers à Kouarinet et deux autres aux environs du fort George (à ce dernier endroit, il commandait un parti de 24 Iroquois et 7 soldats); un parti d'Outaouais et de Népissingues, ayant à sa tête Sabrevois de Bleury, a levé quatre chevelures et fait trois prisonniers aux environs du fort Lydius; un parti d'Indiens de La Présentation, sous les ordres de Laforce, a tué un Anglais près de la rivière de Corlaer; trois charpentiers français étant tombés dans une embuscade près de Carillon, l'un d'eux a été pris: il a été peu après abandonné par les Anglais pourchassés par Le Borgne de Boucherville, Langy de Montegron et quelques soldats (détails); des prisonniers anglais affirment que l'ennemi avait mis sur pied 6 000 hommes pour faire obstacle à la marche de François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil sur le fort George; ils disent également que l'on compte "52 000 hommes de troupes réglées dans toutes les provinces de la Nouvelle-Angleterre", que la garnison du fort Lydius est de 300 hommes et que celle du fort George est la même que cet hiver outre trois compagnies de troupes et 36 miliciens; ils ajoutent que les Anglais veulent rester sur la défensive dans la région du lac Champlain mais que Loudoun attend une flotte de 15 vaisseaux pour une expédition contre Louisbourg: il paraît donc que l'expédition de Rigaud a contrecarré les plans des Anglais contre Carillon et Saint-Frédéric; les circonstances semblent favorables pour entreprendre le siège du fort George: tous les préparatifs sont faits; attend environ 1 200 Indiens des pays d'en haut; la disette de vivres est si grande qu'il doit se "borner à tenir un camp à Carillon des bataillons de la Sarre et de Béarn"; réduit les troupes au strict nécessaire pour la nourriture: craint la maladie à cause de la mauvaise qualité des lards; pour que l'ennemi ne s'aperçoive pas de la situation, il a établi un camp d'environ 200 hommes à la tête du portage et un autre d'environ 100 hommes à la chute; a vu à la sécurité de Carillon "en faisant camper sur le chemin du fort Saint-Jean le bataillon de Royal Roussillon où il travaille à réparer le chemin de Laprairie à ce fort et à Chambly le bataillon de Guyenne qui travaille aussi à réparer le chemin de Sainte-Thérèse"; a fait préparer des bateaux au fort Saint-Jean pour le transport de ces bataillons; espère que les vivres vont bientôt arriver et qu'il n'y aura pas auparavant d'attaque ennemie: il serait alors forcé d'enlever aux habitants le peu qu'il leur reste de vivres "et de faire subsister les villes et les campagnes avec les animaux domestiques".