Feuille au roi à propos de ce qui s'est passé en Amérique depuis le mois de février (lettres apportées par la frégate la Sauvage) - l'absence de neige et de glace au Canada et le froid excessif à la Belle Rivière ont forcé les autorités à restreindre les incursions en territoire ennemi; Jean-Daniel Dumas "a cependant tenu continuellement des partis en campagne tant sur les terres de la Virginie que sur celles de la Pennsylvanie" (ravages causés): les Français n'ont presque pas perdu de monde dans ces incursions (décès de l'enseigne Douville); même si on ne prévoit pas d'attaque contre le fort Duquesne, Vaudreuil de Cavagnial y a envoyé des munitions et un détachement de 300 Canadiens auquel on peut joindre des forces de Détroit, etc (détails): si l'ennemi s'avance vers ce fort, Dumas ira à sa rencontre (raison); si l'ennemi reste chez lui, Dumas enverra une partie de ses Indiens aux forts Niagara et Frontenac; les Loups ont frappé durement sur les Anglais en les quittant; les Têtes-Plates ont promis d'abandonner les Anglais si on leur procure la paix avec les nations des pays d'en haut; on a encore trouvé des bombes, boulets et plombs qui appartenaient à l'armée de Braddock; l'ennemi paraît vouloir concentrer ses efforts du côté des forts Niagara, Frontenac et Saint-Frédéric: selon Bigot, vers la fin de juin, une armée anglaise marchait vers le dernier fort; Vaudreuil de Cavagnial a fait fortifier le fort Carillon (artillerie) qui comptait, à la fin de mai, environ 2 000 hommes "savoir les bataillons de la Reine, du Languedoc et le reste en troupes de la colonie, Canadiens et Sauvages": on y envoie en plus le bataillon du Royal Roussillon, quelques compagnies des troupes de la colonie et des détachements de milice; on s'est "rendu maître du petit portage du lac Saint-Sacrement...assuré par un bon retranchement" et on a établi un poste entre le fort Carillon et ce retranchement (explications); Lévis devait être envoyé à Carillon mais tout porte à croire que Montcalm est allé "prendre le commandement de ce canton là"; on a fortifié Niagara et on y a expédié le bataillon de Béarn (détails); on a travaillé aux ouvrages nécessaires au fort Frontenac et on y a envoyé les bataillons de Guyenne et de la Sarre; on a expédié des détachements et des partis pour être informé des manoeuvres de l'ennemi, s'emparer de ses convois, etc; "on a tué un grand nombre d'Anglais et sur la Nouvelle York et même aux environs de Chouaguen"; on a expédié un détachement, sous les ordres de Louis Coulon de Villiers, pour affaiblir Chouaguen et "détruire les préparatifs de l'ennemi contre Niagara et Frontenac" (explications); les quatre bâtiments construits sur le lac Ontario sont armés et prêts à faire face aux barques de Chouaguen; des Indiens ont enlevé une goélette anglaise dans la baie Française et Boishébert a fait brûler un bâtiment anglais et une goélette à la baie Verte (détails); il y a eu un petit engagement entre un bâtiment anglais et des Acadiens au bas de la rivière Saint-Jean (compte rendu); 226 Acadiens embarqués à Port-Royal pour la Caroline se sont rendus maîtres d'un bâtiment et l'ont conduit à la rivière Saint-Jean; les Indiens ont fait des incursions en Nouvelle-Angleterre (ravages causés, craintes suscitées); les Anglais "ont brûlé trois granges aux environs du fort Saint-Frédéric, tué un sergent de la Reine près du fort de Carillon et un milicien, pris un cadet des troupes et un habitant"; selon Vaudreuil, les nations en général paraissent bien disposées; les Iroquois continuent leurs protestations d'amitié mais les Anglais ont des partisans chez eux: on pense qu'ils opteront pour la neutralité.