Lettre de Bigot au ministre - le bateau le Saint-Mandet a apporté 600 quarts de farine et les 100 chaudières demandées: les farines ont servi au ravitaillement des forts, celles de Gradis n'ayant pas suffi et n'ayant pu en tirer de la nouvelle récolte vu que les moulins manquaient d'eau; le manque de vivres pour la route a empêché le départ du détachement de Paul-Joseph Le Moyne de Longueuil (opposition du ministre à cette expédition): des provisions avaient été expédiées à Détroit (énormes dépenses); n'était pas du tout d'accord avec Charles Le Moyne de Longueuil qui voulait soumettre les Miamis rebelles mais ne pas déranger les Anglais (et les Iroquois) à la Belle Rivière (explications); si Duquesne n'avait pas été nommé gouverneur, "le système canadien (des sieurs Longueuil) aurait bien prévalu et personne ne se serait oublié", les guerres indiennes se seraient multipliées causant d'immenses dépenses; les Outaouais ont soumis les Miamis rebelles: il ne reste plus qu'à entretenir ces derniers dans leur devoir et à "faire revenir de même" les autres nations égarées; Duquesne connaît bien la situation dans les pays d'en haut et veut chasser les Anglais de la Belle Rivière: il va lancer une expédition militaire composée de 2 000 Français et 200 Indiens domiciliés sous les ordres de Paul Marin de La Malgue (major: Péan); plans et préparatifs de cette campagne: construction de bateaux et de magasins d'entrepôt, construction d'une troisième barque au fort Frontenac, envois de provisions à Niagara et à Détroit, itinéraire prévu, hivernement probable au pays des Illinois, établissement de forts à la Paille Coupée, au Rocher Écrit ou à Chiningué et à Sonnioto, dépenses, etc; cette entreprise aura lieu dans un temps où les vivres ne sont pas abondants mais Duquesne désire profiter "de l'impression que son arrivée a faite sur les Iroquois" et veut précéder les Anglais dans l'occupation de la Belle Rivière; prie d'envoyer au début de mai prochain les farines et les lards demandés en France: craint "une grande misère".