Lettre de La Jonquière au ministre (concerne surtout des lettres reçues de Vaudreuil de Cavagnial, gouverneur de la Louisiane) - on a rapporté à Vaudreuil "que les Chaouanons établis les années dernières sur la Belle Rivière s'étaient divisés en trois bandes dont la première était retournée à Sanderkée, la seconde s'était retirée aux Chérakis et la troisième aux Alibamons"; on dit que les Chaouanons qui ont rejoint leurs frères chez les Alibamons se conduisent bien: s'il est vrai qu'ils commencent à en avoir assez de la proximité des Alibamons, Talapouches, Abekas et Kaouitas, on tentera de les convaincre de se retirer au Canada ou de s'établir sur quelque partie du Mississipi propre à s'assurer de leur fidélité; on ne négligera rien pour les éloigner du voisinage des Anglais; rend compte des pourparlers de Cavagnial avec le chef chaouanon Chartier (détails); les Chaouanons paraissent éloignés "de toute liaison avec les Chicachas comme avec les Talapouches, Abekas et Caouitas" et il n'est nullement question d'une entreprise de leur part contre les Français ou leurs convois; il vaudrait mieux que les gens de cette nation qui sont à Sonnioto et à la Belle Rivière se retirassent chez les Alibamons mais leur grand chef ne veut point sortir de Sonnioto; un esclave renard et un Abénaquis renégat, ayant fait les insolents dans le convoi montant aux Illinois, ont été arrêtés à la Pointe Coupée et passés par les armes; les Chactas rebelles ont subi de lourdes pertes à la côte des Allemands (détails): il ne restait plus, à l'été de 1750, que deux villages dévoués aux Anglais et on est parvenu à les soumettre; l'un des articles de la paix impose aux Chactas de continuer la guerre contre les Chicachas jusqu'à l'entière destruction de ceux-ci; cela accompli, il n'y aura plus à craindre au Mississipi que les Chérakis et les Têtes-Plates: pas question d'épargner ces Indiens "ayant l'Anglais chez eux et étant les plastrons des gens du Nord qui demandent à être occupés"; on parviendra à les détruire si les Iroquois, qui veulent venger la mort de leurs frères du Sault-Saint-Louis, se joignent aux nations que Cavagnial fera mouvoir; n'a plus besoin des nations des postes de l'Ouest pour faire harceler les Chicachas (explications): les Chactas s'en chargeront; Cavagnial tâche d'empêcher les Anglais de pénétrer plus avant en territoire français: "il a donné ordre au commandant des Illinois d'opposer la force à la force dans le cas qu'ils s'aviseraient de former quelque autre établissement sur Ouabache ou sur la Belle Rivière"; il sera difficile de restreindre leur expansion à moins de parvenir à les chasser de la rivière à la Roche; on a parlé à Cavagnial d'un soulèvement général des nations des pays d'en haut surtout de celles d'Ouabache: cependant, la rumeur à l'effet que les Anglais avaient fait courir des colliers parmi toutes les nations d'Ouabache et des Illinois n'a pas été confirmée; Cavagnial lui a écrit que les Mascoutens voulaient s'éloigner des Ouiatanons et qu'il souhaitait les voir s'établir près du fort des Peanquishas (détails): a répondu à ce gouverneur qu'il fallait laisser les Kicapous et Mascoutens près des Ouiatanons (raisons); les représentations de Bertet avaient amené la cour à défendre de laisser monter des nègres au pays des Illinois (détails) mais Cavagnial a appris que cette défense portait préjudice aux bons colons qui ne pouvaient plus augmenter leurs cultures (commentaires): le développement de l'agriculture dans cette région serait fort utile "tant pour le bas du Mississipi que pour fournir les postes des Ouiatanons et des Miamis de même que le poste qu'il est très essentiel d'établir au bas de la rivière à la Roche"; Cavagnial lui suggère de donner "gratis des permissions" aux Canadiens qui voudront aller s'établir au pays des Illinois: lui répond qu'il y a si peu de monde au Canada qu'il est souvent difficile de recruter des miliciens en nombre suffisant, qu'il faut envoyer des familles entières à Détroit et que, malgré les avantages qu'on accorde, peu s'empressent d'y aller; recommande à Cavagnial de veiller à ce qu'aucune nation indienne ne fasse la guerre aux Espagnols.