"Mémoire de l'état du Canada pendant les dernières années de la paix" (avant 1745) pour montrer que la France aurait avantage à conserver cette colonie - celle-ci comptait, en 1744, 50 à 60 000 habitants, la plupart "laborieux, adroits, robustes et fort soumis aux ordres du roi"; on pourrait y faire passer tous les ans un petit nombre de paysans de France; les terres y sont en général excellentes (explications); il sortait chaque année de cette colonie pour environ 1 500 000 l. en pelleteries de toutes espèces, 800 000 l. de peaux de castor, 3 000 barriques d'huile de poisson, 50 000 quintaux de farine, 25 000 de pois, 12 000 de biscuits et des salaisons considérables de boeuf, cochon et saumon; à la trentaine de petits bâtiments de la colonie qui faisaient la pêche de la morue, se joignaient tous les ans 2 à 300 navires de France; on peut y faire la pêche de la baleine et augmenter considérablement celles du loup marin, du marsouin et des vaches marines; on y trouve beaucoup de mines de fer, de plomb, de cuivre et même d'argent (manque de main-d'oeuvre et de capitaux pour les exploiter); les forges du Saint-Maurice produisent annuellement 3 à 400 milliers de fer de qualité supérieure; la colonie importe chaque année 6 à 7 000 barriques de vin de Bordeaux, 2 000 barriques d'eau-de-vie, 1 000 balles de grosses étoffes de Montauban, etc (détails); 30 à 40 navires de différents ports de France apportaient ces marchandises au Canada où il venait aussi une vingtaine de bâtiments de Saint-Domingue, La Martinique et Louisbourg; 15 ou 20 bâtiments canadiens "faisaient le cabotage de l'île Royale, Saint-Domingue et La Martinique"; n'est pas d'accord avec ceux qui trouvent cette colonie onéreuse et qui souhaitent son abandon; il est vrai que la guerre a entraîné d'énormes dépenses (fortifications, opérations militaires, envois de troupes, secours aux réfugiés acadiens, présents aux Indiens, etc); en temps ordinaire, au moyen des droits d'entrée et de sortie imposés en 1748 et qui rapportent environ 500 000 l., cette colonie ne coûtera rien au roi.