"Mémoire contre les prétentions des Anglais sur les terres de la Nouvelle-France" - sous prétexte que la France a cédé l'Acadie conformément à ses anciennes limites, les Anglais "se croient maîtres de toutes les terres qui sont au sud du fleuve Saint-Laurent"; or, tous les géographes s'accordent pour réduire cette Acadie à la presqu'île (détails); c'est à tort que les Anglais appuient leurs prétentions territoriales sur la concession faite à William Alexander en 1621 (explications); si on décidait que "la hauteur des terres servirait de limites, en sorte que les rivières qui ont leur cours vers l'Acadie appartiendraient aux Anglais et celles qui se jettent dans le fleuve Saint-Laurent aux Français, cette détermination n'entraînerait pas moins la perte du Canada parce que les plus considérables rivières qui ont leurs embouchures à la mer du côté de l'Acadie, entre autres la rivière Saint-Jean, prennent leur source fort près de Québec" (explications); les limites de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Angleterre avaient été réglées en 1700, en conséquence du traité de Ryswick: "la rivière Saint-Georges était la borne dont on était convenu de part et d'autre"; malgré cela, les Anglais n'ont pas hésité à bâtir un fort à l'embouchure de cette rivière en territoire français; ils ont contrevenu à plusieurs reprises à l'article 15 du traité d'Utrecht, par exemple en tentant de tromper les Abénaquis, en usant de violence envers eux (détentions injustifiées, etc), en retenant prisonnier le sieur de Saint-Castin, en pillant la maison du père Rale, en construisant huit forts sur les terres abénaquises, etc.; les Indiens ont finalement dû recourir à la violence (détails au sujet de leur guerre avec les Anglais); les Anglais tentent d'engager les Iroquois à détruire le fort Niagara et courent "tous les pays d'en haut jusqu'au Mississipi pour ruiner le commerce des Français"; le Canada mérite que la France s'attache à sa conservation: forte population, bon débouché pour les produits du royaume, variété de ses ressources (bois, pelleteries, fertilité du sol, chanvre, pêche); la perte de cette colonie entraînerait la ruine entière des pêches et "par là la Marine tomberait bientôt en France...elle ne saurait subsister sans un nombre suffisant de bons matelots or ce sont ces pêches qui font ces bons matelots".