Lettre de Hocquart en réponse aux observations du ministre sur les dépenses du roi dans la colonie - mentionne les principales causes des fortes dépenses de l'année 1744: hausse vertigineuse des achats (à prix élevés) pour le service du roi en raison de la guerre (mesures de défense prises), campagne de Marin de La Malgue en Acadie, multiplication des présents offerts aux Indiens (nécessité de rompre les liaisons de commerce formées avec les Anglais par les Indiens domiciliés de l'intérieur de la colonie et par ceux de la rivière Saint-Jean, de Panaouamské et d'Ecoubak, nécessité d'engager les Iroquois à la neutralité); explique son retard à demander des fonds pour diverses dépenses de l'année 1744 et justifie les demandes de fonds faites en 1745, 1746 et 1747 pour l'année 1744; signale qu'on prépare actuellement le bordereau des dépenses générales de 1745; avoue que le fonds de 441 757 l. compris dans l'état du roi de 1746 "était déjà employé pour les besoins du service en 1745 et pour les envois ordonnés de France en Canada dont" il n'est "parvenu qu'une partie par la perte du Fort Louis"; donne les principales raisons des dépenses extraordinaires faites du 20 octobre 1745 au 20 octobre 1746: multiplication des partis expédiés sur les frontières de la Nouvelle-Angleterre, entreprise de Marin de La Malgue contre Saratoga, campagne de Ramezay en Acadie, entretien des Indiens cantonnés aux environs de Québec (utilité de ces Indiens, leurs importunités continuelles), entretien de 300 prisonniers, dépenses faites à Montréal par Michel de La Rouvillière pour les domiciliés et les Indiens des pays d'en haut; convient de la nécessité de ménager les Indiens qui, par leurs incursions continuelles, "ont pu arrêter jusqu'à présent l'entreprise" que les Anglais projettent contre la colonie; signale d'autres causes d'excédents de dépenses: secours donnés aux habitants de l'île Saint-Jean et aux Français réfugiés de l'île Royale, perte du bâtiment de Philippe-Marie d'Ailleboust de Cerry, envois à Chibouctou et à la baie Verte (la Déesse, la Sainte-Croix et un autre bâtiment ont porté leur cargaison à la Martinique), augmentation d'appointements accordée aux commis de bureaux et bas employés (leurs menaces de démission), multiplication des employés "à proportion des nouveaux détails qui sont survenus", abandon par Chalet de la ferme des forts Frontenac et Niagara, louage d'entrepôts pour les vivres et les munitions du roi, fournitures expédiées aux magasins de Montréal (détails), hausse considérable des prix des denrées du pays (bois de chauffage, viandes, lard) et des "façons d'ouvrage", forte hausse des achats en vue de mettre la colonie en état de défense (détails sur les mouvements des ennemis, attaques prévues contre le Canada et le fort Saint-Frédéric); suivant les dernières nouvelles, on pourrait croire qu'actuellement "il n'y aurait pas beaucoup à craindre (des colonies anglaises) mais on ne peut répondre des efforts qu'elles pourraient faire voyant leurs frontières continuellement exposées aux ravages" des Indiens alliés: les prisonniers français qui sont de retour au Canada "assurent que les milices destinées pour l'expédition du Canada sont levées ... et qu'on n'y perd pas cet objet de vue"; la mission de La Corne l'aîné dans les pays d'en haut coûtera plus de 60 000 l.; le séjour des 90 députés iroquois retenus à Québec depuis deux mois et demi pour contenir ceux de leurs frères restés dans les villages, dont plusieurs sont mal intentionnés, coûtera plus de 25 000 l.; la campagne de François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil n'a pas eu le succès escompté: il n'y a que le détachement de Luc de La Corne qui ait accompli une action d'éclat; informera La Galissonière de ce que le ministre marque à propos de la situation des finances pour qu'aucune entreprise ne soit faite à moins d'être assuré de sa réussite; on a commencé à se débarrasser d'un bon nombre d'Indiens (réfugiés au Canada) qui coûtent cher au roi; s'est toujours efforcé de mériter la confiance du roi; ne peut cependant empêcher tout abus: ceux-ci sont "moins considérables dans les consommations de vivres que dans celles des marchandises"; même si ses pertes personnelles le mettent hors d'état de se soutenir, il est infiniment plus affecté de la peine et de l'embarras que causent au ministre les dépenses de la colonie; si, l'année dernière, il avait été au courant de la situation de la caisse de la Marine, il aurait "fixé les échéances des lettres de change en plusieurs termes"; il ne faut pas que le roi laisse subsister les excédents de dépenses: la perte de confiance du public dans la monnaie de cartes et les billets aurait des effets désastreux (usure, agiotage, etc); le ministre, cette année, a pourvu abondamment aux approvisionnements des magasins; les trois vaisseaux arrivés en novembre 1746 "ont été presque les seuls qui depuis deux ans ont apporté des marchandises dans la colonie qui était absolument dégarnie, les magasins du roi de Montréal et de Trois-Rivières étaient entièrement dénués"; le chargement de la Sultane (sieurs Pascaud) était très modique dans de telles circonstances.