Lettre de Beauharnois au ministre - le manque de munitions et de marchandises a fait renoncer aux expéditions prévues pour l'hiver et le printemps derniers; la situation est encore pire actuellement puisqu'on n'a reçu aucun secours de France et qu'il a fallu distribuer des présents aux Indiens descendus à Montréal et particulièrement aux Iroquois (efforts de Hocquart et Michel de La Rouvillière pour trouver des marchandises chez les négociants de Québec et de Montréal): les Indiens ont paru contents; il fallait à tout prix chasser chez eux les impressions peu favorables "qui pouvaient résulter de la manière dont ils ont vu les postes munis cette année"; a levé dans le gouvernement de Montréal un parti de 200 Canadiens, commandé par Paul Marin de La Malgue, "pour tomber sur les côtes des environs de Boston", parce qu'il fallait absolument faire agir les Indiens (domiciliés): ceux-ci songeaient à aller en chasse et montraient peu d'empressement à frapper sur les Anglais à moins d'être accompagnés de Français, la conduite de certains domiciliés du Sault-Saint-Louis paraissait suspecte; a ordonné à Marin de ne manquer aucune occasion de faire frapper les Indiens "afin de les engager à lever entre eux dans le courant de l'hiver de petits partis pour tirer vengeance des pertes qu'ils pourront faire et pour harceler continuellement les Anglais et Flamands d'Orange": ces raids forceront l'ennemi à se tenir sur la défensive (détails sur les instructions remises à Marin); comptait aussi envoyer un autre parti plus gros que le premier mais Michel de La Rouvillière lui a signalé qu'il n'y avait pas de quoi l'équiper; même si les magasins étaient moins dégarnis, il faudrait veiller à conserver le peu d'armes et de munitions qui restent afin d'être en mesure de résister à toute attaque l'an prochain; craignant des coups contre le fort Niagara et contre le convoi des voyageurs du Détroit, des Miamis et des Ouiatanons, il a fait partir Legardeur de Saint-Pierre avec 60 Népissingues et Algonquins et a envoyé Daneau de Muy l'aîné demander du secours à Longueuil, commandant de Détroit: les Indiens de ce poste ont déclaré qu'ils ne se mettraient en marche que lorsqu'ils auraient des nouvelles sûres des mouvements des Anglais; les forts Saint-Frédéric, Frontenac et Niagara sont assez bien pourvus en vivres et en munitions de guerre: tout y est tranquille actuellement (rapport de Céloron).