Lettre de Hocquart au ministre - le Caribou a appareillé de l'île aux Coudres le 16; on est toujours sans nouvelles des vaisseaux chargés de farines pour le Canada et la misère se fait de plus en plus sentir; dans le gouvernement de Québec, les chaleurs excessives ont endommagé les blés sur les hauteurs; dans la région de Montréal, les blés sont généralement beaux et on espère une excellente récolte de blé d'Inde; les pois ont beaucoup souffert des fortes pluies du printemps et de la sécheresse qui a suivi; l'un des Indiens envoyé à Orange s'est fait dire que les Anglais préparaient une offensive contre Québec et qu'il y avait un grand nombre de vaisseaux à Boston; Deschaillons et lui, conformément aux recommandations de Beauharnois, viennent d'envoyer par terre deux personnes jusqu'à Saint-Barnabé "pour établir des signaux de jour et de nuit le long de la côte" afin d'être informés de la présence de vaisseaux étrangers; dépêchent aussi une chaloupe pour observer ce qui se passe dans le bas du fleuve; à Montréal, Beauharnois travaille à mettre les Indiens dans les intérêts des Français; les domiciliés de Saint-François , de Bécancour et du lac des Deux-Montagnes paraissent disposés à faire ce qui leur sera commandé; ceux du Sault-Saint-Louis, tout comme leurs frères iroquois des Grands Lacs, penchent plutôt pour la neutralité; les Abénaquis de l'Acadie, particulièrement ceux de Panaouamské, étaient d'avis partagés mais, selon les dernières nouvelles reçues de Beauharnois, tous seraient maintenant prêts à chanter la guerre et à porter des colliers de guerre aux Micmacs et aux Indiens de Narantsouak et de la rivière Saint-Jean; d'après un message rapporté par un Indien du Sault, les Anglais appréhendent des incursions contre eux; leur gouverneur a fait distribuer des branches de porcelaine chez les Indiens (domiciliés) pour les inviter à des pourparlers à Orange mais celui qui doit rapporter les branches dira que personne n'a accepté l'invitation; les garnisons des différents postes ont été renforcées; celle du fort Saint-Frédéric est de cent hommes avec sept ou huit officiers.
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