Lettre de Beauharnois au ministre - le différend entre les domiciliés du Sault-Saint-Louis et ceux du lac des Deux-Montagnes n'a eu aucune suite, quoiqu'il y a toujours lieu de craindre "quelques ressentiments cachés de part et d'autre"; les premiers, qui entretiennent des liaisons de commerce avec les Anglais (soupçons contre les demoiselles Desauniers), sont allés, le printemps dernier, dans la grande rivière au-devant des seconds et leur ont traité ainsi qu'aux Népissingues près de 300 paquets qu'on croit déjà rendus chez les Anglais; selon certains rapports, le commerce étranger commence à "s'introduire dans les côtes voisines du village du Sault par l'entremise des Sauvages de cet endroit"; fait l'éloge de la fidélité des Indiens de la mission du lac des Deux-Montagnes: importance stratégique de cet établissement qui compte plus de 300 guerriers, secours obtenus, secours sollicités pour fortifier cette place et pour achever les ouvrages qui restent à faire pour l'établissement des Algonquins et Népissingues (transmission d'un plan), promesse d'un chef agnier d'aller s'établir avec sa famille en cet endroit, possibilité d'y attirer beaucoup d'autres Indiens; les Chaouanons ont accepté l'offre qu'il leur a faite d'aller s'établir à la Prairie des Mascoutens: a prié Joncaire d'en avertir les Tsonnontouans, a ordonné à La Saussaye "de ne rien négliger pour cette transmigration"; un parti d'Iroquois du lac des Deux-Montagnes est revenu avec une ou deux chevelures de Têtes-Plates; a cru "que le vrai moyen de rompre les négociations des Têtes-Plates avec les Chaouanons et les Iroquois était de les faire harceler par les nations" avec lesquelles ils voulaient se réconcilier; les Tsonnontouans ont envoyé différents partis contre eux et Joncaire croit qu'ils demeurent insensibles à toute proposition de paix; continuera de favoriser les coups contre les Chicachas jusqu'à ce que Vaudreuil de Cavagnial demande d'y mettre fin; le ministre trouve que les raids contre les ennemis n'ont pas eu grand succès; on ne peut guère espérer mieux: "une ou deux chevelures qu'ils en rapportent ou le moindre prisonnier" satisfont les Indiens; leurs harcèlements continuels gênent les nations ennemies "dans les partis qu'elles lèveraient de leur côté"; les Outaouais de Michillimakinac, selon Verchères, sont résolus à ne point quitter l'Arbre Croche où ils s'installent (projet de rétablir Pendalouan dans ses dignités); la conduite des Tsonnontouans, Onontagués et Goyogouins porte à croire qu'ils prendront "le parti de la neutralité en cas de guerre"; un parti d'Onontagué allant en guerre contre les Chicachas a été attaqué par des Anglais de la Caroline qui en tuèrent une trentaine; a tenté de profiter de cette affaire pour amener une rupture entre Anglais et Iroquois (paroles adressées à ces Indiens): loin d'accepter les propositions belliqueuses des Tsonnontouans, Goyogouins et Onneiouts, les Onontagués, selon Joncaire, "se sont laissés fléchir par les présents et les paroles" des Anglais; déplore que le ministre voit avec peine l'augmentation continuelle des dépenses pour les Indiens; les présents ont été considérables l'année dernière particulièrement à cause des distributions faites aux Sioux, Sakis et Renards; prévoit des dépenses moins fortes cette année, même si les Indiens sont descendus en grand nombre; a prévenu les intentions du roi en donnant à Lusignan le commandement du poste de la baie des Puants en remplacement de Marin de La Malgue (recommandation en faveur des sieurs Marin père et fils).