"Mémoire pour le rétablissement du commerce de Canada" adressé par Martin de Lino au ministre Pontchartrain - stagnation du commerce et pauvreté des négociants canadiens; rigueur du climat; sans l'aide de la métropole, "le pays aurait eu de la peine à se soutenir jusqu'à présent"; pourtant, il a des ressources: castor (forte consommation en France), autres pelleteries (prix élevé des martres et des peaux d'élan), abondance des bois et du poisson; mais ces ressources ont été mal exploitées et les autorités n'ont jamais dit la vérité au ministre sur la "véritable situation" de la colonie, craignant que cela "ne fût un obstacle à leur fortune"; causes des surplus de castors: abus des congés et permissions, intérêt des fermiers à restreindre la vente de leurs castors; si ce commerce avait été libre, les habitants auraient "modéré leur recherche [du castor] et se seraient attachés à ne traiter qu'avec les Sauvages du Nord de bonnes pelleteries"; effets néfastes des établissements et du commerce du Sud (Détroit, Illinois, etc.): mauvaise qualité des pelleteries, commerce des marchandises étrangères par les Iroquois à Montréal, baisse de prix des peaux d'élan en raison de l'abondance des peaux de cerf; remèdes proposés dans la conjoncture actuelle: donner une quinzaine de congés, signés moitié par le gouverneur et moitié par l'intendant, "pour aller traiter au Nord", défendre le castor gras et castor d'été, rétablir Michillimakinac interdisant la traite à son commandant mais lui donnant 100 l. sur le prix de chaque congé; la course des bois entretient l'amitié des Indiens "d'en haut" et rend les Canadiens capables "de poursuivre l'ennemi jusques dans les bois"; quand "la masse des castors ... sera consommée" en France, les congés ne seront plus nécessaires; il faudra alors "laisser une entière liberté" aux Canadiens "de disposer de leurs castors [suppression de la ferme]"; le manque de sel empêche le développement de la pêche de la morue; demande que le roi accorde deux ou trois grosses flûtes et qu'on les charge de sel; ces bâtiments pourraient emporter tous les ans les mâts, bois de construction et bordages de la colonie; le succès de sa pêche porterait l'habitant à construire vaisseaux, barques et chaloupes: toiles, cables, ancres et autres articles demandés pour de telles entreprises; nécessité de réunir le commerce du Canada à celui de quelques ports de mer: Acadie, Plaisance, projet d'établissement au Cap-Breton; propose que les vaisseaux de France viennent directement à Québec, transportant ensuite les produits canadiens à ces ports; on pourrait défendre aux gens de l'Acadie et du Cap-Breton "de tirer des vivres d'ailleurs que du Canada"; propose une monnaie particulière pour la colonie; arrêt injuste interdisant aux marchands de Québec d'aller commercer à Montréal "si ce n'est pendant la foire" du mois de mai; propose de laisser aux gens de Montréal et de Trois-Rivières "le commerce seul avec le Sauvage" et de leur défendre "de ne tirer aucune marchandise que des négociants de Québec"; diminution du commerce canadien et des "retours de ce pays" à cause "du long terme des lettres de change du castor" et du "mauvais paiement que les trésoriers font"; conditions onéreuses exigées par Plassans pour le fret sur son navire.