Lettre de l'intendant de Meulles au ministre - le pays paraît assez bon (blé, poissons, légumes), mais manque d'argent à cause du manque de débouchés; il faudrait bien établir le commerce avec les Antilles, mais personne n'a les moyens de l'entreprendre; manque de main-d'oeuvre et cherté des ouvriers: envoyer pendant deux ou trois ans cent ouvriers et cent hommes de journée ainsi que quelques femmes pour apprendre à filer aux Canadiennes; envoyer des graines de chanvre et de lin et obliger les habitants à en semer; on pourrait établir une corderie, faire des toiles, construire des barques, convertir la brasserie en manufacture (envoyer des tisserands, sergers, cordonniers, chapeliers) et établir des tanneries; espère qu'un jour on expédiera des chanvres à Rochefort; visitera les riches mines de fer: l'envoi de maîtres de forges permettrait de fabriquer des canons; cherté des marchandises provenant de France; on n'a pas besoin d'un hôpital général; travaille avec l'évêque à établir des cures fixes: désir des habitants d'en avoir, impossibilité d'en mettre partout vu la "grande distance des habitations"; ont fixé la portion congrue des curés à 400 l. mais seulement sept ou huit paroisses auraient assez de dîmes pour la payer; nécessité d'accorder un supplément (fonds) si l'on veut établir beaucoup de cures fixes: visitera les habitations et dressera des plans; Teganissorens n'était qu'un espion; faut être en état de contrer les desseins des Iroquois: s'ils triomphent des Illinois, les autres nations n'oseront plus venir commercer chez les Français; la construction d'un fort du côté des Iroquois empêcherait les Indiens de porter leur castor à Boston et Orange; état des maisons de Talon à Québec; propose au roi de les acheter pour les convertir en logement pour l'intendant et le Conseil, en entrepôt pour les poudres, en magasin pour les fermiers et en manufacture pour les filles indiennes (on leur apprendrait à filer, à coudre, à tricoter et les accoutumerait à vivre à la française); peu de succès des Ursulines avec les Indiennes; bonnes dispositions des membres du Conseil souverain: "leur accorder leurs gages monnaie de France" (pertes subies dans l'incendie); manque de fonds pour les charges indispensables; les gouverneurs de Montréal et de Trois-Rivières demandent la construction de corps de garde; familles nombreuses: plusieurs notables ont plus de douze enfants; affecter aux pauvres qui se marient le fonds destiné aux mariages des Indiennes des Ursulines; empêcher la vente d'une propriété de Talon à Provost: veut y construire la maison de l'intendant; secours demandés pour les Hospitalières; cupidité des juges subalternes qui poussent les habitants à plaider ou éternisent les procès; a dû régler au moins 200 litiges; si les affaires sont de conséquence, il les juge conjointement avec le Conseil souverain.