Mémoire de Talon qui dresse un bilan de ce qui a été accompli pendant son administration - explorations et prises de possession des régions les plus lointaines "de l'est à l'ouest près de sept cents lieues et du nord au sud près de trois cents"; forte augmentation de la population, grâce aux filles et aux soldats qui y sont passés (700 enfants nés en 1671); robustesse des colons qui sont capables de supporter toutes les fatigues; le chanvre se cultive avec succès, "on manoeuvre des toiles, on a commencé d'en faire des cables et d'autres menus cordages"; fabrication de goudron de bonne qualité; découverte de fer propre à tous ouvrages; construction de vaisseaux pour le compte des particuliers; on en construit un de 450 tonneaux pour le roi et il y a des matériaux pour un autre; formation d'un atelier de vingt-huit hommes pour faire 1,000 ou 1,200 pièces de bois propres à la construction d'un vaisseau de 6 à 700 tonneaux; autre atelier de douze hommes pour préparer 25 ou 30,000 pieds de bordages; les pêches sédentaires s'établissent : entreprise de Denys de La Ronde à l'île Percée, projets de Marson, Martinon et des Basques; l'ouverture du commerce du Canada avec les Antilles a été faite en 1668 par un vaisseau construit au Canada et depuis tous les ans ce trafic s'est poursuivi par deux ou plusieurs vaisseaux: "ce commerce se forme du surabondant de pois, de saumon, d'anguilles salées, et morue verte et sèche, de planches et de merrain et se fortifiera par le surabondant des blés qu'on convertira en farine"; on pourra fournir 2,000 barriques de bière par année aux Antilles; on pourra aussi bientôt y expédier non seulement des vivres mais aussi des vêtements, "puisque déjà on a établi des métiers pour toutes les manufactures d'étoffes, de linge et de chaussure et qu'on a dès à présent des cuirs pour faire par année commune près de 8,000 paires de souliers" et que les brebis se multipliant fort bien fourniront de la matière pour toutes sortes d'étoffes; les Canadiens ne souffrent plus du manque de toutes choses; le roi tirera profit de ce commerce (droits perçus); la potasse peut être fabriquée en si grande quantité que la France pourra se passer des soudes d'Espagne, des potasses de Moscovie et de la vedasse de Pologne; secours de légumes que les vaisseaux du roi peuvent recevoir du Canada (offre de Berthelot pour 5,000 quintaux de pois); possibilités de salines en Acadie; havres favorables de l'Acadie; le roi ne doit rien négliger "de ce qui peut lui assurer et la pêche du grand banc et les principaux postes de l'île de Terre-Neuve, du Cap-Breton et des côtes de l'Acadie": peut se rendre maître de presque tout le poisson vert et sec qui se débite en Europe (profits énormes), les vaisseaux de Biscaye, de Guyenne, de Xaintonge, de Bretagne et de Normandie chargeant tous les ans près de 7 à 800 vaisseaux; Plaisance et le Chapeau Rouge doivent être soutenus; avantages de la baie des Espagnols dans l'île du Cap-Breton: charbon de terre, chênes, entrepôt pour les vaisseaux de France; fortifier le poste de Pentagouet par l'envoi d'hommes et de filles; secours demandés pour l'établissement de Marson à la rivière Saint-Jean (pêche sédentaire, mâts); possibilité de tirer des mâts de la rivière Saint-Jean et de diverses parties de l'Acadie; projet de commerce avec les Anglais de Boston (vin, eau-de-vie, mâture, poisson sec); pêche aux îles Saint-Pierre: environ quinze vaisseaux y pêchent chaque année, défendre aux pêcheurs résidents de consommer le bois des autres et aux navigateurs de troubler les insulaires dans leur demeure; on a travaillé à la communication entre le Canada et l'Acadie: pense que par la rivière de la Chaudière on pourra bientôt passer en huit ou dix jours à Pentagouet, ce qu'il estime qu'on pourrait faire pour la communication de Port-Royal par la rivière Saint-Jean.