Lettre de Colbert à Talon - le roi est très satisfait de Talon et lui demande de rester une autre année pour fortifier et affermir les différentes entreprises auxquelles il a "donné une si bonne disposition"; instructions à donner à M. de Ressan qui paraît avoir les talents requis pour remplacer Talon; engager Courcelle à entreprendre une autre expédition contre les Iroquois l'été prochain; le roi veut que le régiment de Carignan et les 4 autres compagnies restent encore une autre année au Canada: faciliter aux soldats les moyens de s'y établir, "travailler à les marier", leur distribuer des habitations dans les trois villages qu'il a formés aux environs de Québec; bois pour la construction des vaisseaux: les espérances données par les charpentiers lui ont causé beaucoup de joie, espère que la France pourra en tirer de la colonie au lieu d'être obligée d'aller en chercher dans le Nord, réserver une étendue de forêt pour y préparer des bois pour la marine; les défrichements devront toujours se faire de proche en proche; les mines de charbon de terre paraissent bonnes et abondantes: "on en pourra lester tous les vaisseaux qui reviendront de la nouvelle en l'ancienne France", se passant de celui d'Angleterre; a été déçu des épreuves faites avec les échantillons ressemblant à du cuivre; le roi est satisfait des mesures prises en vue de favoriser la culture du chanvre: il ne sera cependant pas nécessaire de prohiber toute importation de fil dans la colonie; le roi attend un rôle des habitants de la colonie plus exact que celui envoyé précédemment; il veut aussi savoir le nombre de bestiaux de chaque espèce et le nombre d'arpents de terre mis en culture; porter les habitants à "établir des pêcheries et principalement des sédentaires dans le fleuve": le profit réalisé par Saurel dans son établissement peut servir d'exemple; le roi envoie au Canada cette année "quatre cent bons hommes, cinquante filles, douze cavales et deux étalons"; promet d'envoyer un plus grand nombre de filles l'an prochain pour les marier aux soldats et aux nouveaux colons; préparer de nouvelles habitations pour les recevoir; envisage même de recruter deux ou trois cent Suisses pour le Canada; les autorités coloniales doivent contribuer à faire fleurir le culte de Dieu et appuyer ceux qui ont la conduite spirituelle des âmes; toutefois, la connaissance des affaires temporelles est naturellement réservée aux officiers et magistrats proposés par le roi pour les administrer; le roi a approuvé les traités conclus avec les Iroquois "en vue d'acquérir une possession contre les prétentions" des nations européennes; réduire les dépenses occasionnées par les ambassades iroquoises; comprend que "par l'action des troupes et l'occasion de la guerre" il a dû consommer entièrement le produit de la ferme des droits du quart et du dixième; mais comme c'est le seul profit que la compagnie peut tirer de la colonie pour compenser tous ses frais, il faudra réduire à la somme de 36,000 l. par année la dépense qui s'est jusqu'ici prise sur cette ferme: prendre soin "d'en faire faire l'emploi avec une exacte économie"; Pussort a examiné le procès-verbal des dettes de la Communauté des Habitants: trouver des moyens pour l'empêcher de contracter de nouvelles dettes; approuve la construction du vaisseau "de six vingt tonneaux": si les habitants en font aussi construire, ils pourront s'en servir pour les pêches sédentaires et pour transporter en France du charbon de terre et du merrain; engager les pères de famille à marier leurs enfants en bas âge; trouver les moyens de mettre le fort de Québec en état de se défendre même contre les nations européennes les plus aguerries: "avoir la même application à l'égard des autres forts nouvellement bâtis"; voir s'il y a du salpêtre pour y fabriquer de la poudre; la dépense effectuée pour le rétablissement de la maison de la sénéchaussée a été fort considérable (7,000 l.); raisons pour lesquelles le roi approuve la construction d'une brasserie; rendre aux particuliers les dix pièces de canon repêchées dans la baie de Gaspé; souhaite faire passer quelques familles de gentilshommes dans la colonie et suggère divers moyens de leur procurer des commodités (habitations préparées, terres défrichées, etc); est prêt à envoyer des demoiselles bien élevées pour les marier aux gentilshommes ou aux officiers qui resteront dans la colonie; s'efforcer de franciser les Indiens (Algonquins et Hurons), surtout ceux qui ont embrassé le christianisme; le roi lui envoie 20,000 l. pour les besoins des troupes et de la colonie; gratification de 6,000 l. accordée à l'évêque; gratifications octroyées à Dubois de Cocreaumont, Chambly et La Poterie.