Lettre du ministre Colbert à Talon - explique pourquoi le roi ne peut consentir à dépeupler son royaume pour faire du Canada un grand et puissant État; si les habitants ont la paix, le repos et l'abondance et s'ils sont bien gouvernés, la colonie se peuplera insensiblement et pourra un jour devenir fort considérable; cette colonie n'est tombée dans un état languissant que parce que l'ancienne compagnie était trop faible et parce que cette même compagnie l'a ensuite abandonnée entre les mains des habitants; le ministre n'est pas d'accord avec Talon au sujet des inconvénients découlant des pouvoirs et privilèges attribués à la Compagnie des Indes occidentales: cette compagnie va corriger les abus passés en faisant un meilleur choix de ses agents et commis, en outre elle a consenti à laisser aux habitants la traite avec les Indiens et leur accorde la liberté de commerce pour cette année; explique pourquoi on laisse à la Compagnie des Indes les droits du quart sur les castors et du dixième sur les orignaux ainsi que les droits sur les mines; les diverses épreuves concernant les marcassites et le sable n'ayant rien produit de certain, on a décidé de renvoyer le fondeur allemand au Canada pour faire toutes sortes d'essais sur les lieux et particulièrement à Gaspé; le roi a approuvé que l'on ait pris possession en son nom de lointains territoires; cependant il vaut mieux se restreindre à un espace de terre que la colonie sera elle-même en état de maintenir que d'en embrasser une trop vaste quantité; souhaite que les habitants profitent de la fertilité du sol et cultivent leurs terres, augmentent leurs défrichements, ne les faisant que de proche en proche; le moyen d'y établir des manufactures consiste plutôt dans leur industrie et leur travail que dans les secours que le roi y peut donner: il faut donc ménager et compter principalement sur ce qui peut se faire pour les denrées et les matières que la colonie fournit maintenant avec assez d'abondance; il peut, par exemple rendre des ordonnances pour empêcher de tuer les agneaux et même les femelles de chaque espèce d'animaux pour les multiplier: on pourra plus tard manufacturer des draps et autres étoffes et des cuirs; on pourra aussi cultiver le chanvre et établir plus tard une manufacture de toile; envoi de 2 ou 3 charpentiers pour examiner les bois propres à la construction des vaisseaux: le roi pourrait bien faire bâtir pour son compte dans la colonie ou acheter le bois pour ses ateliers de marine en France; il serait avantageux pour la colonie de faire du merrain; commentaires sur l'établissement des lettres de maîtrise: dans une colonie naissante, il s'agit d'y attirer toutes sortes d'ouvriers indistinctement plutôt que de s'attacher à ne recevoir que ceux qui réussissent dans chaque métier; raisons de ne point expédier un grand nombre de brebis; on prendra toutes les précautions nécessaires dans le choix des nouveaux colons et particulièrement dans celui des filles; difficulté de faire du recrutement en Normandie; attend son procès-verbal au sujet des créanciers de la Communauté des Habitants; attend aussi "un rôle exact de tous les habitants de la Colonie"; s'efforcer de franciser les Algonquins, les Hurons et autres Indiens qui ont embrassé le christianisme; instructions données à Colbert de Terron au sujet "de l'erreur qui s'est trouvée" dans les provisions expédiées au Canada; somme de 13,500 l. payée à La Mothe; le roi a été très aise de voir que beaucoup de soldats du régiment de Carignan songent à rester au Canada: il souhaite même que tous s'y établissent; sommes accordées à Tracy, Courcelle, Berthier et au chevalier de Chaumont; le roi a écrit à Tracy pour "l'obliger de demeurer en Canada jusqu'à l'année prochaine"; le roi est heureux d'apprendre que l'évêque et les Jésuites n'ont d'autre but que l'avancement du christianisme dans la colonie; il a bien fait "d'ensevelir la faute du feu sieur de Mésy avec sa mémoire"; on sait fort bien qu'il n'est pas venu au Canada pour s'enrichir et qu'il n'a d'autre but que l'augmentation de la colonie.