Le Président du Conseil de Marine à MM. de Vaudreuil et Bigot. A reçu toutes les lettres chiffrées qu'ils lui ont été adressées à la fin de la dernière campagne sur la nécessité de secours. Le roi a prouvé, par ses envois de toute nature et par l'exactitude avec laquelle il a payé la masse prodigieuse de lettres de change, tirées avec si peu de discrétion, combien il avait à coeur la conservation du Canada, le soulagement de ses fidèles habitants et des braves troupes employées à sa défense. Serait disposé à envoyer les mêmes secours, mais la continuation de la guerre en Europe, les trop grands risques de la mer et la nécessité de réunir les forces navales, ne permettent pas de les séparer et d'en hasarder une partie pour leur procurer des secours incertains qui seront employés plus utilement pour l'Etat et le soulagement du Canada en des expéditions plus promptes et plus décisives. C'est pour ces raisons décisives qu'il a été décidé de réduire l'armement, pour les transports à faire ce printemps à Québec, à 2 frégattes armées en flute et à 4 navires particuliers, moitié à Brest et moitié à Rochefort, afin de diviser les risques. On y embarquera en munitions, artillerie, habillements, marchandises de traite et autres pour les magasins du roi, tout ce que ces bâtiments pourront contenir. A l'égard des vivres, il est assuré de plusieurs expéditions qui seront faites en février ou mars de divers ports du royaume et des pays étrangers sous pavillon neutre. A cru aussi devoir profiter des offres de quelques navires anglais pour la même opération. Les correspondants du munitionnaire se disposent de leur côté à faire parvenir de bonne heure leurs bâtiments. Compte qu'il leur sera envoyé par ces divers bâtiments et par 2 frégattes du roi, que des négociants arment au cinquième à Dunkerque, environ 160 milliers de poudre. Leur enverra par les navires du munitionnaire 500 recrues. Fera passer environ 60 personnes; ingénieurs, dessinateurs, canonniers, mineurs et ouvriers. Si les efforts du côté du Canada sont moindres que précédemment, c'est que nous y sommes forcés par des opérations majeurs, auxquelles ils doivent d'autant plus se prêter qu'elles sont la conséquence même des efforts antérieurs pour soutenir le Canada. Ce que l'on se propose de faire, tend à dégager la colonie de la plus grande partie des forces qu'elle a à combattre. De la sorte, la colonie pourra parvenir au même objet avec moins de secours. M. de Montcalm devra être consulté, non seulement sur toutes les opérations, mais encore sur toutes les parties de l'administration qui auront rapport à la défense et à la conservation de la colonie.