Le Président du Conseil de Marine à M. de Vaudreuil. La solennité que les Iroquois ont donné à leur délégation, fait croire qu'ils se mettent peu en peine de ménager les Anglais. Cela seul devrait nous faire prendre confiance dans leurs engagements, si l'on ne connaissait pas d'ailleurs les principes sur lesquels ils se conduisent depuis si longtemps; mais leur conduite passée doit nous rendre attentifs sur celle qu'ils pourront tenir, et il pourrait bien arriver qu'ils la règleront toujours sur les évènements. Leur démarche a été trop éclatante pour ne pas espérer qu'il pourra en tirer de grands avantages. S'en rapporte à lui sur les moyens à prendre pour en arriver là , attendu que les connaissances qu'il a prises sur tout ce qui concerne ces Sauvages et la considération dont il jouit lui rend le choix de ces moyens plus facile qu'à tout autre. Le plus efficace est la fermeté. Se rappellera tout ce qui lui a été prescrit. L'expérience a fait connaître que depuis longtemps on a porté trop loin les ménagements envers les Iroquois. On a donné en cela trop de confiance aux rapports de certaines gens qui croyaient devoir se rendre nécessaires en mettant tout en négociation avec ces Sauvages et en faisant envisager, dans le parti contraire, des difficultés et des inconvénients chimériques. Connaît tout cela mieux que personne. L'intention du roi n'est pas de lui interdire toute espèce de ménagements envers les Iroquois, loin de là; mais il doit être attentif à ne rien faire qui puisse leur laisser croire qu'on les craint ou qu'on regarde leur alliance comme nécessaire. Le roi ordonne surtout, de ne pas leur passer certains écarts dont l'impunité pourrait tirer à conséquense. Quelles que puissent être les suites des engagments de la députation, on peut toujours en tirer parti pour mieux démontrer l'illusion de cette souveraineté que les Anglais prétendent avoir sur les Iroquois, et des conséquences ridicules qu'ils en veulent tirer dans les contestations des limites des possessions respectives des 2 puissances. Il convient pour cet effet qu'il fasse dresser un procès verbal dans lequel on expliquera les paroles des délégués, ses réponses et généralement tout ce qui s'est passé dans la députation. En fera dresser de semblables dans toutes les occasions. Et, comme les Iroquois ont souvent fait des protestations publiques sur leur indépendance, et que ces protestations doivent avoir été consignées dans les registres des juridictions du Canada, il le prie d'en faire faire des recherches et de lui en remettre des expéditions.