Le Président du Conseil de Marine à M. de la Jonquière. Les Chouanons, en raison de l'antipathie que la pluspart des autres nations ont pour eux, se sont divisés en 2 bandes dont l'une s'est établie à Sonontio où elle forme une espèce de république avec une assez grande quantité de mauvais sujets, l'autre, s'en est allée du côté de la rivière Chérakis qu'ils ont remontée et se sont joints aux Alibamons. M. de Vaudreuil assure qu'ils se conduisent bien. Il n'en est pas de même de l'autre. Il est fort à craindre que ceux qui se sont joints à eux ne les entraînent à quelque mauvais parti. Il serait à désirer qu'on pu les décider à s'établir avec leurs frères aux Alibamons ou quelque part en Canada. M. de la Galissonnière a bien fait d'écrire au Gouverneur de la Nouvelle York que, s'il continuait de se servir des Sauvages qui se sont établis avec les Chouanons pour faire des incursions sur les Français, il s'en vengerait sur sa colonie. Est heureux de voir que les Sauvages des pays d'en haut qui, à l'instigation des Anglais, avaient assassiné plusieurs Français, se soient déterminés à livrer les meurtriers et à demander grâce. Les détachements qui ont été envoyés et la conduite ferme de MM. de St Pierre et de Longueuil à Michilimakinak et à Détroit, ont grandement contribué à ce résultat. Il est fâcheux, néanmoins, que les prisonniers que détenait M. de Longueuil aient pu s'évader. Habituellement, les officiers règlent les difficultés qui surviennent par la conciliation, mais il est certain, l'expérience l'a toujours démontré, qu'une sévérité bien placée est plus efficace. Les Iroquois se sont de tout temps indignés de la prétention qu'ont les Anglais de considérer leur pays comme faisant partie de leurs possessions et eux comme sujets de la Grande-Bretagne. Dans une conférence qu'ils ont eue, ils se sont déterminés à soutenir leurs droits et à se maintenir dans la neutralité. Depuis le coup que le Sieur de la Corne a fait sur les Agniers, en 1747, ces Sauvages n'ont plus rien entrepris contre les Français. Leurs frères ayant demandé leur grâce, on leur a accordée. Le roi s'en rapporte à sa sagesse pour tout ce qui regarde son administration en rapport avec les Sauvages.