Le Président du Conseil de Marine à M. de Macnamara. A reçu ses lettres l'instruisant des nouvelles qu'il a eues de l'escadre anglaise qui croise entre les 45 et 47ième degrés ainsi que de l'embarras où il se trouve par rapport au grand convoi dans une circonstance aussi critique que celle-ci. Ces inconvénients ne se seraient pas présentés s'il fut parti dans le cours du mois dernier. L'escadre anglaise, rencontrée par les paquebots venant de l'Ile Royale, ne peut être que celle de 12 vaisseaux partis de Gibraltar le 30 juillet, auxquels se sont joints quelques vaisseaux qui pouvaient être à Lisbonne et, vraisemblablement aussi, les trois commandés par le vice-amiral Martin qui étaient dans la Manche. Il paraît, par les lettres de Londres du 20, que le vie-amiral Martin qui était parti Spithead le 28 juin, pour croiser pendant 2 mois seulement, a eu de nouveaux ordres pour croiser pendant un troisième mois, dans le dessein d'intercepter tant le convoi prêt à partir de France, que celui venant de l'Amérique et des Indes. D'un autre côté, on arme en diligence à Spithead une fort escadre qui sera commandée par l'amiral Vernon, sur laquelle il doit être embarqué 3,000 hommes. On peut douter que le vice amiral Martin prolonge sa croisière d'un mois, attendu qu'il ne doit pas avoir de vivres pour tenir la mer tout ce temps sans se ravitailler. Il doit en être ainsi pour l'escadre des 12 vaisseaux, de sorte qu'ils ne doivent pas tarder à revenir en Angleterre. Le temps le plus favorable pour faire passer notre convoi, paraîtra l'intervalle entre la rentrée de ces vaisseaux et le départ de l'escadre de l'amiral Vernon. Selon toutes les apparences, l'escadre de ce dernier, étant donné sa force, fera quelque entreprise sur nos côtés du côté des Iles de Ré et D'Orléans et pourrait attaquer notre convoi dans les rades de La Rochelle et de l'Ile D'Aix. Ainsi, il y a encore plus de risques à retarder le départ du convoi qu'à partir. Il pourrait être plus prudent d'envoyer de suite 2 ou 3 corvettes gardes-côtes en découverte en prenant différentes routes. S'entendre avec M. de Barrailt. Lui enverra un courrier s'il reçoit des nouvelles de Londre.