Mémoire du roi à MM. de Beauharnois et Hocquart. Nécessité de vivre en bonne intelligence entre eux. Limitation de leurs fonctions respectives. L'évêque de Québec ne pouvant à cause de son grand âge et de ses infirmités se rendre en Canada, le roi lui a nommé pour coadjuteur le Sieur Dosquet, évêque de Samos qui a déjà passé quelques années dans la colonie alors qu'il était simple prêtre. Il passe cette année à Québec. Leur recommande de suivre ce qui se pratique en France pour la multiplication des maîtres d'écoles. Laisseront librement sortir du pays les farines, biscuits et légumes dont l'Ile Royale a besoin, tout en conservant au pays ce qui est nécessaire pour son usage. Importance d'étendre le commerce du Canada avec les Iles. Est informé qu'au moins vingt bâtiments porteront cette année de Louisbourg aux Iles de la morue verte et sèche, des huiles &c. etc. Québec est bien éloigné pour porter des chevaux et des bestiaux aux Iles, mais on peut le faire en se servant de plus gros vaisseaux et en faisant ce commerce par entrepôt à l'Ile Royale. On pourrait aussi y expédier des salaisons, la consommation aux Iles s'élevant à 60 mille barils annuellement. Il faut poursuivre cet objet important sans se rebuter. Abénaquis, Chouéguen. Il convient d'envoyer assez de marchandises au poste de Niagara pour ôter aux sauvages l'idée d'aller s'en procurer à Choueguen. Est aise de voir que la traite de Frontenac et de Niagara a été beaucoup plus considérable que les années précédentes, il faut penser ou que ces postes sont mieux administrés ou que celui de Choueguen ne cause pas de préjudice. Le roi n'est pas en état d'entrer dans la dépense d'un établissement à La Galette ni à la Baie des Goyogoins. Ces établissements coûtent toujours le double des prévisions et les avantages en sont le plus souvent annulés par les nouveaux efforts qu'ils provoquent chez les Anglais, ainsi, on peut dire que c'est notre établissement de Niagara qui a donné l'idée aux Anglais de faire celui de Choueguen. Si les Iroquois nous donnent un avantage, les Anglais en demandent un autre pour rétablir l'équilibre. Tous ces postes divisent les forces de la colonie. Examineront ceux qu'il convient d'affermer. Est persuadé que dans l'état actuel les Iroquois refuseraient aux Anglais d'établir un poste chez les Goyogoins ou en quelqu'autre endroit du lac Ontario, leur politique étant de ne donner aucune supériorité dans leur pays à l'une ou à l'autre des deux nations. C'est à eux de les entretenir dans ce sentiment et de les persuader que si les Anglais prenaient la supériorité dans les pays d'en haut ils deviendraient leurs esclaves. Approuve les mesures prises par M. de Vaudreuil pour rapprocher de la colonie la nation des Chouanons qui se compose de plus 700 personnes. A bein fait de charger de cette négociation le Sieur Cavalier. Regrette que l'expédition contre les Renards n'ait pas eu tout le succès qu'on en attendait et que promettait la grande dépense faite dans cette vue. Il n'en eut pas été ainsi si M. de Lignery, dont les incommodités paralysaient la diligence, eut jugé à propos de permettre à l'officier quei commandait sous lui de prendre la direction des opérations. Espère cependant que la destruction de leurs villages et de leurs récoltes les forceront à demander la paix. Le roi n'est pas en état de faire la dépense de 228,928 livres pour les ouvrages aux fortifications demandés par les Sieurs de Beauharnois et de Chaussegros; rien ne presse d'ailleurs. Feront travailler chaque année à l'enceinte de Montréal jusqu'à concurrence du fonds de 17,250 livres sans l'excéder. Recouvreront des habitants ce qu'ils doivent pour leur contribution à ces travaux. Il n'est pas revenu de plaintes sur la distribution de l'eau-de-vie aux sauvages. Le Sieur de Boishébert.