Mathieu, Rodolphe, 1890-1962 : Fils d'Olivine Arcand et d'Octave Mathieu, Rodolphe Mathieu naît à Grondines, près de Québec. Initié à la musique par ses soeurs, il quitte son village natal vers l'âge de seize ans afin de s'établir à Montréal où il étudie le piano avec Alphonse Martin et le chant avec Céline Marier. Par la suite, il entame ses études d'harmonie, de contrepoint et de composition avec Alexis Contant. À 17 ans, il est nommé premier organiste de l'église Saint-Jean Berchmans et débute en même temps une carrière dans l'enseignement de la musique.
En 1920, il part pour Paris, assisté financièrement par ses amis, afin de parachever sa formation musicale. Inscrit à la Schola Cantorum, il y travaille la composition avec Vincent d'Indy et l'orchestration avec Louis Aubert. De plus, durant ces sept années, il étudie la direction d'orchestre avec Vladimir Golschmann et entreprend, au Collège de France, le cours de psychologie expérimentale de Pierre Janet. Sa formation en psychologie lui servira d'assise lors de la conception de son ouvrage pédagogique intitulé les Tests d'aptitudes musicales. En 1923, vivant dans une extrême pauvreté, il obtient, suite à de nombreuses requêtes, la première bourse du Gouvernement du Québec accordée à un compositeur.
De retour à Montréal en 1927, il se consacre alors à l'enseignement et à la composition. D'abord professeur à l'Institut pédagogique, dirigé par les Dames de la Congrégation, et chez les Révérendes Soeurs de Sainte-Anne, à Lachine, il finit par fonder, en 1929, sa propre école de musique : l'Institut canadien de musique. L'école connaît rapidement une renommée ainsi que les Soirées Mathieu; concerts organisés par Rodolphe Mathieu afin de promouvoir les jeunes compositeurs et talents canadiens.
Rodolphe Mathieu nous lègue de nombreuses oeuvres dont un quatuor à cordes, un trio, un quintette, 22 Dialogues pour violon et violoncelle, des sonates et une quantité impressionnante de musique vocale. Outre ses Tests d'aptitudes musicales, il a écrit, entre autres, un traité sur la créativité (Problèmes - Aperceptions), un recueil de pensées (Pensées et Anecdotes) et différents articles sur la musique et l'art en général (L'Étatisation de la musique, Le Sentiment amoureux en art). Innovatrice et originale, la musique de Rodolphe Mathieu fut souvent incomprise par ses contemporaines, voire même méprisée.
Mathieu, André, 1929-1968 : Fils de Rodolphe Mathieu et de Wilhelmine Gagnon-Mathieu, André Mathieu voit le jour à Montréal. Très tôt fasciné par le monde de la musique, il compose ses premières pièces pour piano à l'âge de quatre ans (Les Gros chars; Trois études). L'année suivante, André Mathieu donne son premier récital à l'hôtel Ritz-Carlton; l'auditoire est exalté, envoûté par les oeuvres de ce petit prodige. En 1936, sous la direction de J.-J. Gagnier, il exécute son Concertino no 1 au réseau de la SRC. Cette même année, il obtient une bourse du Gouvernement du Québec. Le jeune artiste quitte donc Montréal avec sa famille et s'établit à Paris afin d'y étudier le piano avec Yves Nat et Mme Giraud-Latarse ainsi que la composition et l'harmonie avec Jacques de la Presle. Quelques mois plus tard il séduit la critique parisienne par son récital à la Salle Chopin-Pleyel. L'événement se reproduit à la Salle Gaveau en mars 1939; la critique est unanime, le "petit Mozart canadien" est né.
En 1939, André Mathieu revient à Montréal pour y passer les vacances, mais le déclenchement de la guerre lui ferme désormais les portes de l'Europe. Contraint de demeurer en Amérique, il entreprend une série de concerts au Canada et fait ses débuts au Town Hall de New York. De 1940 à 1943, il s'installe à New York pour y travailler la composition avec Harold Morris. En 1941, l'artiste s'inscrit au concours des jeunes compositeurs organisé par l'Orchestre philharmonique de New York; il remporte le premier prix avec son Concertino no 2, ses talents de compositeur sont à nouveaux confirmés. Enfin, de retour à Montréal de 1943 jusqu'à la fin de l'été 1946, il donne de nombreux concerts tout en continuant à composer (Sonate no 1 pour violon et piano, Concerto de Québec).
L'automne 1946 marque dans la vie d'André Mathieu un tournant décisif. Il part pour Paris, seul, pour y étudier la composition avec Arthur Honegger et le piano avec Jules Gentil. Malheureux à Paris, il revient à Montréal en 1947. Par la suite, André Mathieu n'est plus le même homme, il est tourmenté, mélancolique. Au cours des ans, il sombre peu à peu dans l'alcool tout en délaissant sa carrière de concertiste. Il participe tout au plus à quelques "pianothons" où l'artiste s'acharne à battre des records, événements tirant plus leur source du cirque que de la musique. Cependant, il continue à composer et s'adonne aussi à l'enseignement. Il produit notamment un trio pour violon, violoncelle et piano (1949), un quintette (1953), un poème symphonique : Mistassini (1954) ainsi qu'une Rhapsodie romantique pour grand orchestre. L'artiste meurt soudainement à l'âge de 39 ans. Compositeur prolifique, il nous laisse une musique diversifiée et sensible.
Gagnon-Mathieu, Wilhelmine, 1910-1976 : Fille de Jean-Arthur Gagnon, médecin de village, et d'Albina Proulx, Wilhelmine Gagnon naît à Saint-Constant. Elle fait ses études chez les Dames du Sacré-Coeur et étudie aussi le violon avec Alfred De Sève. Le 10 décembre 1928, elle épouse Rodolphe Mathieu avec qui elle a deux enfants : André et Camille (1931). Bonne violoniste, elle consacre cependant sa vie à ses enfants ainsi qu'à l'enseignement. En 1958, elle fonde une petite école privée : L'Oiseau Bleu.