D.E.S. Action Canada : D.E.S. Action Canada est un organisme social et communautaire bilingue et sans but lucratif fondé à Montréal en 1982 par Harriet Simand et sa mère Shirley. Harriet Simand est, à cette époque, traitée pour une forme rare de cancer lié à une exposition in utéro au diéthylstilbestrol (D.E.S.), médicament prescrit à sa mère vingt ans auparavant. Lorsque la prescription de ce médicament n'a plus été autorisée chez les femmes enceintes, très peu avait été fait pour alerter les Canadiens des risques de ce médicament. Harriet Simand veut alors sensibiliser le public et venir en aide aux personnes qui ont été exposées in utéro au D.E.S. et qui ont souffert des effets de ce médicament. Le rôle de D.E.S. Action Canada est d'informer la population et la communauté médicale des conséquences à long terme de l'exposition au D.E.S. sur la santé afin qu'une erreur de la sorte ne se reproduise plus.
Le D.E.S. est un oestrogène synthétique qui a été prescrit aux femmes enceintes au Canada (entre 200 000 et 400 000) et en Amérique du Nord, entre 1941 et 1971, et en d'autres pays du monde après 1971, afin de prévenir les fausses couches. Ce médicament, commercialisé sous plus de 200 noms différents, s'avère nocif pour la santé des mères qui peuvent développer un cancer du sein. Les enfants exposés au D.E.S. in utéro, filles ou garçons, de première et deuxième génération, peuvent aussi développer des problèmes de santé reliés au système reproducteur.
Parrainé par le Centre du cancer de l'Université McGill, D.E.S. Action Canada reçoit une première subvention de 20 000 $ du ministère de la Santé du Canada pour initier le projet d'un regroupement pan-canadien. En 1983, le même ministère octroie une subvention de 72 000 $ et continue par la suite d'accorder son appui financier. Depuis son existence, D.E.S. Action Canada est la seule instance canadienne vouée à l'assistance des personnes exposées au D.E.S. et entretient des relations suivies avec les milieux scientifique, médical et communautaire au Canada.
Le travail de sensibilisation de D.E.S. Action Canada est effectué par un service de soutien téléphonique; la publication du "Bulletin" quatre fois l'an, de dépliants et de brochures; l'accès à un centre de documentation; l'organisation de conférences, de colloques et de sessions d'information; la représentation et la participation à divers comités de travail gouvernementaux dans le but d'éclairer les décideurs politiques sur les questions concernant la réglementation des médicaments et des innovations médicales. L'organisme s'occupe aussi de mettre à jour l'information requise par les médecins au sujet du diagnostique et des traitements aux personnes exposées au D.E.S. Il s'implique aussi dans les débats publics concernant les politiques en matière d'évaluation des médicaments, de responsabilité du fabricant, des responsabilités médicales, de surveillance post-marketing et intervient sur des questions connexes à celles du D.E.S. comme par exemple l'utilisation d'hormones synthétiques dans les contraceptifs et les traitements de fertilité. L'organisme présente aussi un mémoire aux audiences publiques de la Commission royale sur les nouvelles technologies de reproduction en 1991.
En 2004, onze groupes régionaux ou chapitres de bénévoles sont présents dans les provinces canadiennes dont D.E.S. Action Québec qui a été fondé en 1985 par Lise Laporte et Rosanna Baraldi. Treize regroupements oeuvrent aux États-Unis, en Europe et en Australie afin que la tragédie du D.E.S. ne se répète pas.
D.E.S. Action Canada est le 1er groupe de ce genre au Canada et le premier aussi à diffuser de l'information en français au monde car aucun autre pays francophone où le D.E.S. était prescrit n'avait alerté les femmes. Ce n'est qu'en 1985, à la Conférence de Nairobi, au Kenya, que la décision de créer un D.E.S. Action /International a été prise.
En 1986, l'Office national du film produit un film documentaire sur le sujet soit "D.E.S. : un triste héritage" / "DES : An Uncertain Legacy" dont la première a eu lieu au cours de la Semaine nationale de sensibilisation au D.E.S. organisée par D.E.S. Action Canada en collaboration avec le gouvernement canadien.
Harriet et Shirley Simand sont nommées "Femmes de l'année" dans le domaine de la santé par le Salon de la Femme de 1983 (la présidente du jury est Simonne Monet-Chartrand). La même année, Harriet reçoit le Prix Terry-Fox; en 1986, le Prix Molson en reconnaissance de l'importance de sa contribution au service de la communauté; en 1991, le Prix Bénévolat Canada attribué par Santé et Bien-être Social Canada pour sa remarquable contribution à l'amélioration de la santé des Canadiens. En 1992, Shirley reçoit la médaille commémorative du 125e anniversaire du Canada pour son importante contribution au Canada. En 1987, Santé et Bien-être Social Canada cite D.E.S. Action Canada comme organisme exemplaire dans sa brochure "Sept étapes pour mieux promouvoir la santé".