Centre culturel canadien (Paris, France) : Le 7 novembre 1965, le Canada et la France signent un premier Accord culturel prévoyant "le développement d'échanges entre les deux pays dans le domaine de la culture, de la science, de la technique et des arts" et encourageant l'établissement de contacts étroits entre des établissements tels que des instituts ou des centres culturels. A la suite de l'achat et de la rénovation en 1967 d'un immeuble à Paris, le Centre culturel Canadien est officiellement inauguré le 2 avril 1970. Son mandat comprend six aspects: 1) assurer un service d'accueil et d'orientation pour les étudiants et artistes canadiens en stage à Paris; 2) mettre à la disposition des chercheurs et des étudiants canadiens et français une bibliothèque de consultation; 3) contribuer au rayonnement du Canada en France par des programmes d'expositions, de concerts, de récitals, de projections de films, de conférences et de colloques;4) servir de point de ralliement pour les Canadiens en France et leurs amis français; 5) servir de lieu de réunion pour les associations culturelles franco-canadiennes; 6) regrouper sous un même toit les services culturels et d'information de l'Ambassade canadienne à Paris.
Le Centre culturel canadien de Paris (CCC) est placé sous la haute direction de l'ambassadeur du Canada et de la Direction générale de son ministre chargé des affaires culturelles et de l'information. La Direction des affaires culturelles a été créée en 1966 pour "formuler et mettre à l'exécution les politiques culturelles du Canada à l'égard des pays étrangers, en conformité avec les directives du gouvernement et en collaboration avec les institutions et organismes canadiens" (Rapport du ministère des Affaires extérieures 1970, p. 78). Le CCC doit servir de foyer principal de rayonnement de la culture canadienne en France et de centre d'accueil, de rencontre et d'information pour les Canadiens en France. Pour ce faire, le Centre dispose de personnel et de ressources financières dont il assume la gestion, indépendamment de l'ambassade. De plus, il élabore avec le concours des organismes et des personnalités intéressées, un programme et un calendrier de manifestations qu'il soumet à l'approbation du Ministère. Une fois qu'il reçoit l'aval du Ministère, il lui revient de mettre ce programme à exécution grâce aux fonds dégagés et placés sous sa responsabilité et sa direction (les fonds destinés aux activités culturelles viennent du programme d'échanges culturels avec les pays de langue française du Ministère).
La place du CCC est particulière. Alors qu'il est du ressort des ambassades canadiennes à l'étranger de s'occuper de tous les dossiers (culture, presse, information...), le Centre culturel fonctionne "en parallèle" avec l'Ambasssade. De plus, le Centre subit la concurrence de la Délégation générale du Québec ainsi que de la Délégation de l'Ontario (depuis 1977) qui font la promotion, chacune de leur côté, des intérêts de leurs ressortissants. Enfin, de multiples entités autonomes comme Téléfilm Canada, l'ONF, Radio-Canada ou la Maison des Étudiants Canadiens font la promotion séparée de leurs intérêts.
Il convient, tout d'abord, d'évaluer la place de la culture à l'intérieur d'un ministère comme le ministère des Affaires extérieures dont la mission première est de mettre à exécution la politique étrangère du gouvernement fédéral: diriger les relations canadiennes avec les autres pays, promouvoir et protéger les intérêts canadiens à l'étranger, rassembler l'information ou les documents relatifs à ce qui influence les relations internationales du Canada et négocier les ententes et les traités avec les autres pays. Au début des années 60, ce ministère a accentué ses relations culturelles avec des pays européens entièrement ou partiellement de langue française comme la Belgique, la Suisse et la France pour stimuler le bilinguisme et le biculturalisme. La création du CCC de Paris s'inscrit dans cette problématique de diffusion de la culture canadienne à l'étranger puisqu'il est le premier centre canadien implanté à l'étranger. D'autres centres ouvriront à Rome, Bruxelles, Londres et New York dans les années qui vont suivre. En 1980, le ministère des Affaires extérieures indique, dans son rapport annuel, que "la façon dont le Canada est perçu à l'étranger importe dans l'exercice de nos relations internationales. Le Ministère encourage donc les échanges culturels et universitaires pour faire en sorte que les milieux influents dans le monde soient renseignés sur notre pays" (Rapport annuel 1980, p. 71). En septembre 1983, la Direction de la politique culturelle est créée (rapport annuel 1983-1984, p. 47) pour "permettre au Ministère d'élaborer de manière systèmatique les lignes de conduites en matière culturelle". Si le programme des relations culturelles était d'envergure modeste à ses débuts il y a 15 ans, le Ministère considère qu'il est "un élément de plus en plus important dans la politique étrangère du Canada". Enfin, après une période de réflexion intense sur la mission et les finances du Ministère, au printemps 1994, le ministère des Affaires extérieures réaffirme que la culture est l'un des piliers essentiels de la mission canadienne à l'étranger (Raymonde LITALIEN, "Le Centre canadien de documentation de Paris: un lieu de mémoire et d'information", Actes du Congrès de l'AAQ, XXVIe Congrès-Aylmer 1997, pp. 235-240). Le sort du CCC est alors redéfini: il deviendra le seul centre culturel canadien survivant aux compressions des années 1990, et devient un centre de documentation axé sur les nouvelles technologies. En somme, l'aspect culturel prend de plus en plus de place dans les politiques du ministère des Affaires extérieures au fil des ans. Le transfert des archives du CCC s'inscrit donc à l'intérieur de cette redéfinition importante de son mandat et de ses fonctions.
Enfin, il faut replacer la place du CCC dans le contexte plus large des relations entre Ottawa, Québec et Paris. Les relations entre les trois niveaux de gouvernement (fédéral, provincial et gouvernement étranger) n'ont jamais été simples. Dans la mesure où le Québec et la France avaient en commun une culture francophone qui permettait la poursuite d'initiatives conjointes, le CCC a été, pour le gouvernement canadien, un organisme important et unique (par rapport aux autres centres culturels canadiens ailleurs dans le monde) pour "faire le contrepoids" à cette influence québécoise à Paris. En somme, la création et la pérennité du CCC s'inscrivent autant à l'intérieur des relations fédérales-provinciales qu'à l'intérieur des relations bilatérales avec la France. Il faut d'ailleurs garder à l'esprit que la création du CCC se discutait au moment où le Général de Gaulle a fait sa visite au Canada (mais surtout au Québec où ses paroles ont créé une crise diplomatique avec le gouvernement fédéral en 1967). RG25 General Inventory