King, William Lyon Mackenzie, 1874-1950 : Premier ministre du Canada (1921-1926; 1926-1930; 1935-1948)
William Lyon Mackenzie King est né à Berlin (Kitchener), en Ontario, le 17 décembre 1874. Il est le petit-fils maternel de William Lyon Mackenzie, chef de la rébellion de 1837 dans le Haut-Canada. Il fréquente l'Université de Toronto, étudie le droit à Osgoode Hall et travaille brièvement comme journaliste avant d'obtenir une maîtrise en économie à l'Université de Chicago et un doctorat à Harvard.
En tant qu'expert en relations industrielles, King est nommé sous-ministre du nouveau ministère du Travail en 1900. À ce titre, il supervise la création de la Loi des enquêtes en matière de différends industriels, 1907, et participe à des commissions royales. Il est élu sous la bannière libérale dans la circonscription de Waterloo-Nord en 1908, puis ministre du Travail (1909-1911) dans le cabinet de sir Wilfrid Laurier. Après sa défaite aux élections de 1911, il travaille pour le Parti libéral à Ottawa.
En 1914, King commence à travailler dans le domaine des relations industrielles aux États-Unis, principalement pour la Fondation Rockefeller. Il reste impliqué dans la politique canadienne et se présente sans succès dans la circonscription de York-Nord en 1917. King succède à sir Wilfrid Laurier comme chef libéral en 1919 et fait de nouveau son entrée au Parlement, cette fois dans la circonscription de Prince.
Élu premier ministre en 1921, King occupe en même temps le poste de secrétaire d'État aux Affaires extérieures. Son gouvernement minoritaire s'emploie à réparer les fractures sociales causées par la guerre, notamment entre le Québec et le Canada anglais, et entre les Canadiens d'origine nord-européenne et les autres communautés ethniques. Il réduit les impôts et les droits de douane, construit des chemins de fer, soutient le développement agricole et tente d'apaiser les tensions avec les syndicats. Dans le domaine des affaires étrangères, King se fait le champion de l'autonomie canadienne.
King dirige un autre gouvernement minoritaire après les élections de 1925. Ayant perdu son propre siège, il est finalement élu dans la circonscription de Prince Albert. En 1926, un scandale au sein du ministère des Douanes menace son gouvernement. King demande alors la dissolution du Parlement en juin, mais le gouverneur général invite plutôt le chef de l'opposition, Arthur Meighen, à former un nouveau gouvernement. Celui-ci est défait à l'occasion d'une motion de confiance après seulement trois jours au pouvoir.
Lors des élections qui s'ensuivent, King prend de nouveau le pouvoir avec une minorité. Il introduit les pensions de vieillesse, effectue des réformes fiscales, clarifie le statut de dominion du Canada et nomme des envoyés diplomatiques.
King perd les élections de 1930, mais il revient au pouvoir en 1935 avec la plus grande majorité obtenue jusqu'alors dans l'histoire du Canada. Il élargit le rôle économique du gouvernement en prenant des mesures d'aide à l'emploi et à l'agriculture, en nouant des accords commerciaux avec les États-Unis et la Grande-Bretagne et en transformant la Banque du Canada en société d'État. Les droits des provinces sont étudiés par la Commission royale d'enquête sur les relations entre le Dominion et les provinces (1937-1940). King crée également la Société Radio-Canada (1936), les Lignes aériennes Trans-Canada (1937) et l'Office national du film (1939).
Étant donné que la menace d'une guerre se précise, King augmente les investissements dans la défense tout en plaidant pour une résolution diplomatique. Après avoir obtenu une nouvelle majorité en mars 1940, il renforce l'Armée canadienne; sert d'intermédiaire entre la Grande-Bretagne et les États-Unis; lance le Programme d'entraînement aérien du Commonwealth britannique (1939); adopte la conscription en vertu de la Loi sur la mobilisation des ressources nationales (1940); élargit le Conseil national de recherches pour qu'il mène des recherches militaires; et accueille des conférences stratégiques des Alliés (1943 et 1944). Il prépare également la reconstruction d'après-guerre en introduisant l'assurance chômage (1940) et les allocations familiales (1944). Les politiques du gouvernement King ont établi les fondations du système de sécurité sociale moderne canadien.
Les libéraux remportent l'élection de juin 1945, mais King perd son siège et se fait ensuite élire dans la circonscription de Glengarry. Il contribue à la création de l'Organisation des Nations Unies (1945), démantèle les contrôles économiques et sociaux adoptés en temps de guerre, établit une distinction entre les citoyens canadiens et les sujets britanniques dans la Loi sur la citoyenneté canadienne (1946), subventionne les services médicaux et ouvre la voie à l'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération en 1949.
King est admis à l'Ordre du mérite en 1947 et il prend sa retraite l'année suivante. Il ne s'est jamais marié. Il est décédé à Kingsmere, au Québec, le 22 juillet 1950 et il est enterré au cimetière Mount Pleasant de Toronto.
Les idées racistes et nativistes de King influencent ses actions au sein du gouvernement. Sa thèse de doctorat à Harvard, intitulée Oriental Immigration to Canada, soutient que le pays doit restreindre l'immigration venue d'Extrême-Orient afin de demeurer un « pays de Blancs ». En tant que premier ministre, il interdit presque totalement l'immigration chinoise en adoptant la Loi de l'immigration chinoise (1923). Dans les années 1930, il refuse l'entrée aux réfugiés juifs européens, y compris à ceux qui arrivent sur le paquebot Saint Louis en juin 1939. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il dépossède et interne environ 21 000 Canadiens d'origine japonaise en tant que « sujets d'un pays ennemi », ainsi qu'un plus petit nombre de Canadiens d'origine italienne et allemande.
Les dommages causés par les politiques et les actions de King ont été reconnus ces dernières années. Les premiers ministres en exercice ont présenté des excuses au nom du gouvernement en 1988, pour l'internement des Canadiens d'origine japonaise; en 1990, pour avoir déclaré les Italo-Canadiens sujets d'un pays ennemi; en 2021, pour l'internement de ces derniers; et en 2018, pour avoir refusé l'entrée des réfugiés juifs, notamment ceux à bord du paquebot Saint Louis.