Rinfret, Thibaudeau, 1879-1962 : Né à Montréal le 22 juin 1879, Thibaudeau Rinfret reçoit sa formation secondaire au collège Ste-Marie (B.A. 1897). Il commence l'étude du droit à l'ancienne Université Laval de Montréal et termine à l'Université McGill en 1900.
Admis au barreau à sa majorité en 1901, il débute dans l'exercice de sa profession à St-Jérôme de Terrebonne, en société avec son beau-frère, Jean Prévost. En 1910, Thibaudeau Rinfret entre comme l'un des associés principaux de J.L. Perron, Robert Taschereau, Arthur Vallée et Rosario Genest, avocats. Au cours de cette période, il défend plusieurs importantes causes judiciaires devant la Cour suprême du Canada et le Comité judiciaire du Conseil Privé de Londres. Dans l'intervalle, il est professeur à la faculté de droit à l'Université McGill, où il enseigne pendant 10 ans le droit comparé et le droit commercial.
Il est nommé juge de la Cour supérieure du district de Montréal de 1922 à 1924. A partir de cette date, il devient juge à la Cour suprême du Canada et juge en chef de cette même Cour de 1944 à 1954. Au cours des 30 années de carrière à la Cour suprême, il s'y fait le défenseur de l'intégrité du droit civil québécois, des prérogatives des provinces et de l'intangibilité du principe de la dualité juridique du système judiciaire canadien. Il est membre de cette Cour lorsqu'elle décrète en 1949 que le Parlement du Canada peut abolir les appels civils au Comité judiciaire du Conseil Privé de Londres. Le Canada possède alors l'autonomie en matière judiciaire.
En 1946, pour assurer l'intérim de l'administration, au départ du gouverneur Athlone et avant l'arrivée du gouverneur Alexander de Tunis, il devient Administrateur du Canada. Ce poste comporte, entre autres pouvoirs, la sanction royale aux lois adoptées au Parlement.
Au cours de sa carrière, il s'intéresse beaucoup à l'histoire et à la littérature. Il publie des articles dont Notre droit et l'histoire en 1925 et donne des conférences en Amérique et à l'étranger. Il est nommé membre du Conseil Privé du Canada en 1953 et celui de Londres en 1947.
Après sa retraite, il travaille à la révision du Code Civil du Québec de 1954 à 1961.
Il reçut de nombreuses décorations honorifiques dont des doctorats honoris causa des universités Laval, Montréal, McGill, Toronto, Bishop's, Ottawa, Caën, Poitiers et New York. Titulaire de la médaille du Jubilé du roi George en 1935, il est grand-croix de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, chevalier grand-croix de l'Ordre de Malte et régent de l'Université d'Ottawa. Chevalier de la légion d'honneur en 1928, il reçut la rosette d'officier en 1934. Il est plus tard promu grand-officier.
Il fut président de l'Association des auteurs canadiens, directeur de l'Alliance française et vice-président de la Fédération de l'Alliance française aux États-Unis et au Canada ainsi qu'à l'Association France-Amérique.
Il est le frère de Fernand Rinfret, écrivain, journaliste et secrétaire d'État sous le gouvernement King. Le juge en chef Rinfret est décédé le 25 juillet 1962 à l'âge de 84 ans.